Le guerrier vulnérable

Elleux : « Ca va ? »
Moi : « Oui carrément grave, grosse patate »
Elleux : « Ah tu es incroyable, tu as toujours la pêche, comment fais tu pour faire tout ce que tu fais ? » ou « Tu as une énergie incroyable, tu es jamais fatigué ? » ou « De toute façon toi, tu déchires dans tout ce que tu fais. »
Bah non, c’est pas toujours le cas, loin de là, moi aussi j’ai des coups de mous, des grosses fatigues, des moments où j’ai plus d’énergie et où j’y crois plus avec une grosse envie de tout balancer : c’est le sujet de cet article.

Sur la photo ci-dessus, c’est moi en mode « posture du guerrier vulnérable », une pose de yoga qui n’existe pas sous cette forme, mais quand Mary-Lou Mauricio* m’a demandé de prendre la pose et de raconte qui je suis, c’est ça qui m’est venu car ça résume bien ce que je suis en vrai.

« Guerrier » oui résolument.

Parce que j’ai été un guerrier pendant presque 2 ans, et que ça a failli être mon métier. En effet, pour des bonnes et des mauvaises raisons (envie d’aventure, faire plaisir et rendre fier ma famille, par défi et par virilisme), à 17 ans j’ai voulu faire une « préparation militaire parachutiste » pour être sûr que je ferais mon Service Militaire dans une unité combattante parachutiste et non dans un régiment lambda où je n’aurais pas été sûr de faire « vraiment l’armée », et puis j’avais super envie de sauter d’un avion en parfait état de marche. Et ensuite, après avoir fait l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse suivi d’une maîtrise de Sociologie Politique, toujours à Toulouse, je me suis préparé à passer le concours de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en 1996. Quelques mois après, j’ai été reçu major de la section Diplômés de l’Enseignement Supérieur, j’ai fait mon intégration et le début du bizutage… pour ensuite démissionner après avoir compris que ce n’était pas fait pour moi et qu’il valait mieux que je libère ma place pour quelqu’un d’autre qui ressemblait plus au stéréotype du Saint-Cyrien comme l’étaient, eux, mes compagnons de chambrée (plus jeunes, issus de classes préparatoires, nés dans des familles avec des militaires, souvent des lycées militaires, etc). J’ai donc finalement comme prévu intégré un régiment parachutiste – le 1er RCP à Pau – et fait mes 10 mois à l’Ecole des Troupes Aéroportées (ETAP, l’école des paras) où j’étais à l’instruction (2ème compagnie) et où je me suis éclaté à faire du sport, beaucoup de sauts et à côtoyer la vraie mixité sociale. Par la suite, j’enchaînerais sur un DESS de « Défense » où la plupart de mes collègues finiront dans des services de renseignement, des entreprises liées à l’industrie de défense, dans la veille stratégique et la guerre économique, etc. Moi je ferais des stages à GIAT Industries et la Mission Militaire de Coopération pour travailler sur l’Afrique, et je passerais le concours de la DGSE sans succès du fait d’un dossier de sécurité peu fiable (drogue, activités politiques, larçin de jeunesse…).

Donc au-delà de ce mode « guerrier » au sens propre qui n’a pas abouti à une carrière militaire ou d’espion, j’ai gardé un état d’esprit « volontaire » et « rustique » qui fait de moi quelqu’un de très déterminé, et c’est vrai que j’ai beaucoup d’énergie et de force d’entraînement. Avant même d’être un para, j’avais été élevé dans une famille de gens très bosseur, « dur au mal » qui ne s’écoutait pas beaucoup et ne laissais pas de place à la plainte, donc il a été facile de faire mienne a devise de mon régiment para : « Ne pas subir ». Mes passions professionnelles et personnelles dessinent de moi une personne très motivée, assoiffée de connaissances et d’expérience, un peu accroc à l’adrénaline et donc ça table bien avec une image d’entrepreneur social inspirant courant de succès en succès, etc.

Et le fait que je poste régulièrement sur les réseaux sociaux ce que j’apprends et ce que je pense, les formations (nombreuses je vous l’accorde) que je fais – dont un CAP Cuisine (sic), mes activités sportives, les aventures Simplon – la belle PME de l’ESS que j’ai cofondée et que je préside depuis 12 ans et qui est passée à l’échelle avec un réseau de 120 école dans 25 pays et qui a formé 50000 personnes, la vie assez particulière que j’ai depuis 18 ans et qui est faite d’aller-retour permanents entre Paris – où j’ai une partie de ma vie professionnelle et personnelle, et Carcassonne où j’ai la femme de ma vie et notre fils, des ami-es et une autre partie de notre belle famille recomposée, également des activités sportives (trails, marches de 100km pour Oxfam, etc), etc… donc forcément ça donne l’impression que je suis une machine de guerre infatiguable qui est sur plein de fronts et qui arrive à tout faire en même temps. Mais il n’en est rien.

Mais fragile et vulnérable, et de plus en plus volontaire et fier de l’être

Oui, aucun souci pour l’assumer, au contraire.

Beaucoup sont souvent surpris par mes propos quand j’interviens dans une conférence ou une table ronde, ou lors de mes TedX, car je parle abondamment de mes échecs, de toutes les erreurs que Simplon a faites, j’évoque mes addictions passées (drogue, alcool) et je pourrais vous parler de celles que j’ai toujours et encore aujourd’hui : je suis souvent « sans filtre » et adepte de ce que Michel Foucault appelait avec les Grecs Anciens la « parrhésia » – le parler et le dire vrai.

Loin de regretter ces déclarations et ses partages que je fais régulièrement, j’ai envie d’aller encore plus loin et c’est ce que je fais ici aujourd’hui. Car c’est très important et utile d’être inspirant, mais dire ses peurs, les problèmes et les échecs qu’on rencontre, c’est encore plus important car cela inspire et aide encore plus, c’est plus pédagogique, plus inclusif, plus motivant et donc il faut aller plus fort dans cette direction.

Donc si je lâche un peu, dans le désordre :

  • parfois j’ai d’énormes moments de fatigue physique et psychologique où je perd complètement « la foi », je trouve que tout ce que je fais est inutile, hypocrite et bouffi d’orgueil (notamment quand je me compare à ma femme qui est toute entière dévouée à prendre soin de ses patients, de nos ami-es, de nos enfants, de moi, de ma famille, etc), et s’ils ne durent pas très longtemps généralement, ils sont profonds et noirs, accompagnés de boulimies et de stress puissants qui réveillent parfois d’anciens démons…
  • je ne vais pas arriver à finaliser mon CAP Cuisine cette année, je n’ai pas assez de temps pour le préparer sérieusement, je me ferais détruire à l’examen donc je vais essayer de le passer plutôt en 2026
  • je suis assez nul sur les sujets « humains » (empathie, émotions, prendre soin des autres, etc) et donc je fais des bourdes tout le temps, en pensées, en actions et dans mes propos, souvent je blesse les gens, où je ne tiens pas compte de leurs besoins trop occupé par ma logique d’émetteur, il a pu arriver que je pousse des personnes à se mettre en difficulté par mes comportements jusqu’au-boutistes et mes injonctions à la performance
  • j’avais prévu de faire un trail de 37km mais je ne suis pas assez bien préparé donc je vais prendre le départ mais je vais le faire en mode balade et la barrière horaire va certainement m’empêcher de le finir, persister à croire que je peux finir cette course avec beaucoup de dénivelé aurait certainement été mon premier réflexe il y a quelques années, mais non, je ne veux plus me « mettre dans le rouge » et risquer de me blesser
  • je ne dis pas assez aux gens que j’aime que je les aime, je fais trop de choses et ça m’empêche de m’occuper de moi, de passer du temps avec ma femme, avec mes enfants, mon rythme effréné m’a fait faire de grosses erreurs dans l’éducation de mes enfants, dans mes relations personnelles et amicales, je ne suis pas doué pour comprendre ce qui est bon pour moi et pour les personnes qui me sont chères
  • plus de 25 ans que je fais du numérique ma passion de vie et mon travail, que je suis un geek engagé et que je « pousse » la tech en évangélisant, formant, valorisant le web, les réseaux sociaux maintenant l’IA générative… mais le numérique est une partie du problème autant que de la solution à nos défis sociaux et environnementaux, quel sens a l’IA dans une trajectoire de dérèglement climatique et d’épuisement des ressources en eau et en métaux, comment choisir l’IA plus que les autres besoins qui requièrent aussi beaucoup (toute notre) énergie ?
  • etc, etc, etc

Je suis conscient de ça, j’en parle, j’assume et je « me soigne » pour ne pas faire plusieurs fois les mêmes erreurs (j’en invente souvent d’autres lol). Et dans ce chemin, j’ai décidé d’aller de plus en plus loin et c’est le sens de la création de JOIN FORCES, le fonds philanthropique personnel et familiale que j’ai cofondé et que j’anime depuis quelques mois, et qui se donne la mission ambitieuse de soutenir financièrement et d’accompagner des coalitions, des collectifs, des alliances et des rapprochements entre des associations, des ONG, des fondations opératrices, des entreprises, des organisations publiques… Pourquoi je vous parle de ça en lien avec la fragilité et la vulnérabilité ? Parce que cette nouvelle aventure d’intérêt général, qui n’a rien à voir avec Simplon et qui est purement désintéressée et bénévole, m’amène à travailler sur des grandes zones d’inconfort par rapport à ce que je suis et la manière dont je procède depuis des années. En effet, il s’agit avec JOIN FORCES non pas d’aller vite mais de prendre son temps, non pas d’être seul mais d’agir à plusieurs, de se donner la patience de la convergence, d’écouter plus que de parler, de travailler à des intelligences collectives au lieu de foncer en solo tête baissée. Et ça, c’est très compliqué pour moi, c’est difficile mais ça m’excite beaucoup, j’ai besoin et envie de ça. Je veux désormais plus que je ne l’ai jamais fait, accepter mes fragilités et mes vulnérabilités, penser contre moi même, prendre le temps d’écouter, de partager, etc.

Tout ce que je vous dis est très banal, mais c’est fondamental pour moi au stade où je suis de ma vie perso et pro, et donc je vous en parle. Aucune indécence, juste l’envie d’être plus transparent, vrai, de générer des réactions, de mettre noir sur blanc les choses.

Merci 🙏


* Cette photo a été prise dans le cadre du projet BORN IN… PPM qui est est une série de portraits de Mary-Lou où les participants posent avec le taux de concentration en CO2 – exprimée en PPM, Parties Par Million – de leur année de naissance en signe de mobilisation contre la combustion des énergies fossiles toujours plus grandissante et pour dénoncer l’injustice climatique, c’est à découvrir sur borninppm.com et maintenant en livre disponible pendant encore 4 jours en pré-commande sur Ulule ici https://fr.ulule.com/born-in-ppm-le-livre/).

A VOIR ET A ECOUTER : 2 prises de parole de bibi

Dans la série « je parle dans le poste », voici deux conversations longues et détaillées que j’ai pu faire récemment et qui reviennent sur pas mal de fondamentaux de qui je suis/pourquoi je fais les choses, sur l’histoire de Simplon, sur ma passion pour l’IA générative et sur JOIN FORCES notre nouveau bébé philanthropique familial

Demain n’attend pas (à écouter ici)

L’entrepreneur social est proche du délinquant juvénile” témoigne non sans humour Frédéric Bardeau, cofondateur de Simplon et de Join Forces. 
Peut-on faire rimer tech et impact ? Comment s’assurer que le digital et l’AI n’aggravent les fractures sociales et les difficultés d’accès à l’emploi ? 
Dans cet épisode, FREDERIC BARDEAU nous dit tout de SIMPLON, l’école du numérique qu’il a créé en 2013 et qui propose des formations gratuites aux métiers du numérique. Avec des formations qui s’adressent en priorité aux femmes (largement sous-représentées dans le numérique), aux personnes éloignées de l’emploi, aux migrants, aux handicapés…
Frédéric nous raconte son histoire. Il parle de prédéterminisme social et de sa volonté de ne jamais être réduit à son origine.Il partage ses rêves de carrière dans l’armée, dans l’espionnage ou comme journaliste de guerre et ses premiers pas professionnels dans la communication de structures engagées.Et il nous présente l’aventure de Simplon. Il nous dit qu’il a toujours voulu développer sa structure vite et à grande échelle : en une décade, Simplon s’est développé sur 25 pays et a formé plus de 40 000 personnes ! 
Au-delà des choix de structure et d’investisseurs nécessaires pour conjuguer croissance et impact, il se confie avec beaucoup de vulnérabilité sur ce que cela implique pour lui et pour ses équipes. Il parle de son besoin d’adrénaline et ses addictions et de la recherche d’équilibre qui l’anime aujourd’hui. 
Frédéric pose aussi son regard sur les enjeux de la tech et de l’IA, monde qu’il a vu évoluer depuis plus de 20 ans. Lucide sur les enjeux écologiques, il témoigne avec optimisme des enjeux sociaux et politiques. 
Enfin, Frédéric raconte sa nouvelle aventure, JOIN FORCES, une fondation qu’il vient de lancer avec sa femme et ses enfants, dont la mission est de soutenir et renforcer les coalitions d’acteurs associatifs. Sky is the limit!

Mediatico (à écouter ici)

Frédéric Bardeau lance Join Forces et nomme Flore Vasseur à sa présidence

Le multi-entrepreneur Frédéric Bardeau vient de lancer, à l’occasion de son 50e anniversaire, le fonds philanthropique Join Forces, dont il confie à partir d’aujourd’hui la présidence à Flore Vasseur, révèle-t-il en exclusivité à Mediatico, dans l’émission ESS On Air qui place les acteurs de l’économie sociale et solidaire au coeur de l’actualité. Flore Vasseur, journaliste, écrivaine et entrepreneuse, a notamment réalisé le documentaire « Bigger than us », qui a marqué Frédéric Bardeau.

Après avoir lancé voilà douze ans Simplon.co, l’école gratuite du numérique qui a déjà permis de former 45.000 personnes dans 25 pays, après avoir également initié Tech4Good France ou encore les Universités de l’économie de demain du Mouvement Impact France, Frédéric Bardeau aborde donc aujourd’hui, avec Join Forces, une nouvelle phase de sa vie d’entrepreneur. Celle qui sera sans doute le fruit de toutes les aventures précédentes.

Join Forces ambitionne de lever 1 million d’euros, dès sa deuxième année d’existence, pour financer les alliances, les convergences ou les coalitions d’associations qui oeuvrent au service de l’intéret général. A titre personnel, Frédéric Bardeau mettra 25.000 euros chaque année dans ce fonds philanthropique familial, dont la gouvernance embarque son épouse et ses cinq enfants.

Quelles coalitions d’associations financer ?

La famille Bardeau souhaite financer 5 à 10 projets chaque année et plusieurs pistes de coalitions à financer ont déjà été identifiées, notamment dans « l’aide sociale à l’enfance, l’environnement, l’économie régénérative, l’humanitaire ou encore le décrochage scolaire », explique l’entrepreneur avec optimisme. Ces projets seront soutenus durant plusieurs années et le financement permettra de payer « tout ce qui n’est jamais financé », tel un poste de coordination, une mission de facilitation ou des outils numériques collaboratifs par exemple. 

« Mais nous ne financerons pas les projets numériques », précise-t-il à Mediatico, pour ne pas faire de concurrence aux activités de Simplon ou de la Fondation Simplon. Ce fonds ne financera pas non plus des projets de plaidoyer, ni des projets de “ralliance” qui consisteraient pour une personne d’influence à demander à des associations de rallier sa cause. Le fonds philanthropique Join Forces entend ne financer que des projets concrets, portés par des acteurs de terrain.

Sur le plan juridique, Join Forces aurait tout d’une fondation à la française. Mais il est qualifié de « fonds philanthropique » parce qu’il se trouve hébergé par la fondation belge Roi Beaudoin, par le hasard des rencontres et des affinités personnelles nouées par Frédéric Bardeau. Les équipes françaises de la Fondation Roi Baudoin ont fait preuve de beaucoup de « souplesse et d’agilité ».

Une Journée des Acteurs de l’Impact Collectif

L’initiative Join Forces témoigne d’une difficulté croissante des associations à financer leur développement ou leurs projets, dans une période où la contrainte budgétaire est particulièrement forte et où les financements publics, sous forme de subventions ou d’appels à projets, se raréfient. 

Frédéric Bardeau organisera une Journée des Acteurs de l’Impact Collectif, le 10 avril prochain à Paris, afin d’identifier de futures coalitions d’associations mais aussi de réunir autour de lui d’autres philanthropes, qui pourront défiscaliser leur don.

En fin d’émission, Frédéric Bardeau est aussi revenu sur le Sommet international de l’IA qui se déroulait à Paris début février. Il nous dit son optimisme, réel mais prudent, sur le développement fulgurant de l’intelligence artificielle. Et sur ses conséquences sur le marché de l’emploi, et en particulier dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.

Maintenant est venu le temps de JOIN FORCES

(cet article est une reprise du post publié sur mon LinkedIn qui a donné lieu à pas mal de réactions)

A l’occasion de mes 50 ans, j’avais fait ici un #teasing annonçant un nouveau projet ambitieux : cet article met un terme au suspense et aux rumeurs (non je ne quitte pas Simplon du tout lol, ce dont je vais vous parler c’est en plus et à côté, et c’est quelque chose de personnel, et de familial). Certaines personnes clés dans mes environnements professionnels et personnels sont déjà au courant mais maintenant c’est le moment de faire une annonce qui va m’engager à poursuivre ce sur quoi je travaille depuis des mois, et de réaliser enfin ce projet que je mûris depuis tant d’années.

Pourquoi JOIN FORCES ?

Depuis 25 ans, mon parcours est guidé par deux fils conducteurs : le numérique et l’intérêt général. D’abord en agence de communication (notamment avec Limite), où j’ai accompagné des associations, fondations et acteurs de l’ESS à faire entendre leurs messages et collecter des fonds. Puis en 2013, avec la création de Simplon, une entreprise sociale aujourd’hui active dans 25 pays, qui a formé plus de 45.000 personnes aux compétences et aux métiers du numérique, présente en Afrique avec Simplon Africa et Simplon Maghreb et qui déploie des actions d’intérêt général au travers de Simplon Foundation et de Simplon.Asso.

Au fil de ces années, j’ai observé un paradoxe persistant et très agaçant : nous sommes nombreux à dire que personne ne peut résoudre seul les grands défis de notre époque, mais nos organisations (associations, ONG, fondations) restent trop souvent enfermées dans leurs “couloirs de nage” et ne collaborent pas pour maximiser l’impact. Pourtant, les financeurs, de leur côté, commencent à s’unir via des « giving circles », des fonds territoriaux, des « pools » de donateurs, des coalitions de fondations, etc. alors que du côté des ONG, cette dynamique reste encore trop rare, et quand elle existe, elle est très peu soutenue et financée en tant que telle.

La genèse de JOIN FORCES

L’ODD 17, qui établit clairement qu’on arrivera PAS à atteindre les autres ODD sans des partenariats stratégiques autant que le bon sens, l’urgence des crises actuelles et le contexte de diminution des subventions, des dons et d’attaques sur la fiscalité du don nous enjoignent à unir nos forces. La fragmentation des efforts, l’explosion des besoins et des difficultés dans les ONG rendent cette collaboration non seulement essentielle, mais impérative. Celles et ceux qui me connaissent le savent : depuis des années, je plaide pour que l’union fasse la force et que se constituent des « justice leagues » pour qu’enfin les super héros et les super héroïnes travaillent ensemble pour abattre plus facilement les murs et gravir les montagnes qui sont devant nous en formant des collectifs d’acteurs.

Je l’ai fait en participant à la création de Tech For Good France (à l’époque France Eco Sociale Tech) et en initiant l’idée qui allait devenir l’Université d’Eté de l’Economie de Demain portée par le Mouvement Impact France et ses partenaires de l’écosystème. Simplon et la Simplon Foundation sont partie prenante ou directement à l’origine de collectifs : nous avons accompagné fortement la création et le développement de la Grande Ecole du Numérique aux côtés de l’Etat, cofonder des collectifs tels que Les Intrépides de la Tech ou encore WoGiTech – Women & Girls in Tech , ou encore, pendant le premier confinement, nous avons porté « Gardons le lien » une coalition formée aux côtés d’Isabelle Kocher de Leyritz et des membres du Collectif d’entreprises pour une Économie plus Inclusive pour venir en aide aux personnes qui étaient déconnectées de leurs proches.

En une image tout est dit 😉 « On ne peut pas sauver le monde seul. »

Cette idée simple, je ne l’ai pas inventée, comme je n’ai pas eu l’idée de Simplon non plus, d’autres l’ont forgée et étudiée scientifiquement (comme la Stanford Social Innovation Review début 2010 avec le « collective impact ») d’autres la déploie comme La Fonda dans le cadre de sa démarche « Faire ensemble », mais avec JOIN FORCES, cette idée et cette vision : je veux l’incarner, la défendre, la financer et l’amener le plus loin possible.

Depuis quelques années, je répète qu’il faudrait une fondation dédiée spécifiquement au soutien financier et à l’accompagnement de ces collectifs, car cela n’existe pas ou trop peu. Et aujourd’hui, ce fonds philanthropique abrité par la Fondation Roi Baudouin voit le jour : je l’ai créée, en embarquant avec moi ma famille et certains proches, et vous aussi si ça vous parle pour qu’ensemble nous la dotions de moyens conséquents pour financer des collectifs et démontrer la supériorité de la coopération sur la concurrence. JOIN FORCES est la concrétisation d’une idée dont le temps est enfin venu et ça me réjouis autant que ça m’électrise de vous présenter cela aujourd’hui.

Tadaaaa : voilà le logo du fonds avec le bleu Yves Klein, pilier de l’identité visuelle de JOIN FORCES, et clin d’oeil assumé à la Révolution Bleue de Jean-Pierre Goux.

« Et maintenant que faisons-nous ? »

C’est un clin d’oeil à l’excellent livre de Flore Vasseur dont je me sens si proche et donc je vous conseille la lecture car JOIN FORCES c’est mon « Bigger than us » à moi, le projet qui vient parachever toutes mes années au service de l’impact. Et donc ce qu’on fait maintenant c’est qu’on continue à bosser bien sûr, et surtout on lâche rien !

JOIN FORCES est un fonds philanthropique redistributif de flux qui collecte des fonds pour les redistribuer à 100% (pas de frais) à des acteurs qui font ensemble (collectifs, coalitions, alliances, fédérations, réseaux) ou des « organisations de soutien » (« backbone organizations« ) qui fédèrent des acteurs autour d’elles, et qui favorisera la consolidation et les rapprochements entre ONG et associations.

Nos soutiens financiers seront pluriannuels et non-affectés à des programmes (mais fléchés sur la collaboration et le collectif) et ils viendront abonder ou matcher des collectes de la part des coalitions, ou viendront en cofinancements de programmes collectifs afin d’assurer une démultiplication encore plus forte de l’impact de JOIN FORCES.

Cependant, soyons bien clairs :

1. Personne ne dit que ce sera facile. Soutenir des coalitions, bâtir des alliances, favoriser des rapprochements, faire taire les égos, c’est un défi complexe, c’est un projet « écosystème » comme on dit donc compliqué à expliquer, à financer et à défendre. Mais j’aime la difficulté, j’ai tout le temps qu’il me faut car cette initiative ne vise pas l’hyper-croissance ou à résoudre tous les problèmes. C’est bien plus modeste et donc plus ambitieux : nous ferons 3 ou 5 soutiens par an au début.

2. Nous n’allons PAS commencer par le plus difficile. Nous privilégierons des victoires rapides, en travaillant avec des secteurs et acteurs déjà mûrs pour la collaboration, plutôt que de forcer des alliances artificielles ou opportunistes.

L’autre point important c’est JOIN FORCES n’a pas l’ambition de tout faire sur tout :

  • Nous soutiendrons certaines causes, mais pas toutes, nous allons insister sur les ODD et au sein des ODD sur des thématiques négligées, des publics et des territoires fragiles ;
  • Nous ferons appel certains financeurs, mais pas tous. Seulement ceux qui sont mûrs pour soutenir des collectifs, faire des dons non-affectés et donner corps à une philanthropie non-compétitive qui encourage le passage à l’échelle des solutions et non celle des acteurs individuels.
  • Nos financements seront couplés à des accompagnements. A l’argent nerf de la guerre, nous apporterons également des conseils, des mises en relations, des méthodologies pour faire ensemble, des outils technologiques (et sûrement de l’IA of course), du mécénat de compétences.

Lancé en mode MVP avec l’appui de la Fondation Roi Baudouin qui l’abrite (merci à Joseph Le Marchand et Laure Vienot-Tronche), le fonds JOIN FORCES va démarrer ses premières actions en janvier 2025, nous sommes en train de rencontrer des collectifs et des organisations de soutiens afin de les soutenir massivement et durablement : je vous en dirais plus très rapidement. Nous cherchons à démontrer qu’un financeur spécialisé dans les coalitions et les collectifs peut véritablement changer la donne en maximisant l’impact collectif et bientôt nous en apporterons la preuve.

JOIN FORCES : un projet collectif et familial

Bien entendu cette aventure est une aventure collective. Au coeur de cette initiative, il y a une envie familiale : ma femme Geraldine Bardeau Brimaud dont la vie est dédiée au soin (en tant que médecin, humanitaire, gériatre et bientôt MPR) et à de multiples activités tournées vers les autres, et nos 5 enfants qui ont entre 13 et 26 ans – et qui sont les générations futures pour lesquelles nous avons envie d’agir – sont embarqués dans le choix des projets, tenus au courant régulièrement et impliqués s’ils ou elle le souhaitent dans les décisions importantes.

La Bardeau Brimaud Iborra’s family au complet avec par ordre chronologique Inès, Loucas, Paul, Félix et Jules + en bas à gauche Géraldine en mission humanitaire au Burkina + Bibi

Parallèlement, plusieurs personnes clés que je vous présenterai au fur et à mesure nous ont rejoint pour unir leurs forces à celle de JOIN FORCES (#teasing Laurent, Roxana, Arnaud, Alissa, John mais aussi les « sages » qui me conseillent et me challengent Olivier et Dorothée, Myriam, Jean Philippe, Max…).

Au sein de la gouvernance de JOIN FORCES, aux côtés de la Fondation Roi Baudoin et d’un-e président-e qui va représenter l’intérêt général (je ne peux pas encore vous révéler qui mais je croise les doigts pour qu’elle dise oui #teasing), un collège permettra à des fondations, des cercles de fondateurs et des acteurs clés de l’impact collectif d’être représenté et de nous aider dans nos choix.

Alors ? Vous en pensez quoi ? Vous venez unir vos forces avec nous ?

25 ans d’engagement dans l’impact et plein d’inspirations structurantes au contact de structures comme la Fondation de France, Ashoka France, La France s’engage, Epic Foundation ) m’ont conduit à cette initiative et je veux y consacre le temps, l’argent et l’énergie qu’il faudra pour les 25 prochaines années.

Bien entendu, je reste à fond sur Simplon et plus que jamais aux côtés de Veronique SAUBOT, de nos managers et de nos équipes, pour continuer à faire grandir cette belle réussite d’une entreprise de l’ESS qui ne choisit pas (plus) entre rentabilité et impact social et qui va devenir prochainement une « licorne de l’impact social » avec le soutien indefectible de nos investisseurs VRAIMENT à impact (c’est rare de nos jours). Parallèlement je continue mes activités de formateur et de consultant en IA car cela me permet de financer JOIN FORCES et de couvrir ses frais de fonctionnement (donc on en parle quand vous voulez 🤓).

Mais une partie de mon énergie va désormais se focaliser sur JOIN FORCES. Parce que je n’en peux plus des appels à projets qui aiguisent les compétitions au lieu de fédérer les énergies. Je ne veux plus entendre des financeurs qui désespèrent que les projets qu’ils soutiennent ne travaillent pas plus ensemble alors qu’ils agissent sur les mêmes territoires ou les mêmes thématiques, et même parfois les deux. Je ne veux plus assister de manière impuissante à des défaillances d’associations qui n’ont pas la taille critique ou qui peinent à se financer dans leur coin alors qu’elles peuvent fusionner, se lier et unir leurs forces à d’autres.

« C’est en additionnant les forces qu’on démultiplie vraiment l’impact.« 

Si vous partagez cette vision, ou connaissez des projets et acteurs qui sont alignés, rejoignez-nous. Ensemble, faisons de l’union une force durable. On en a jamais eu autant besoin que maintenant.

Fred

(et Géraldine, et les enfants, et nos premiers soutiens, et bientôt vous)

PS : plus d’informations sur JOIN FORCES sont disponibles sur ce site web bilingue que j’ai fait de mes blanches mains https://www.join-forces.org/

PS 2 : si JOIN FORCES sort du bois aujourd’hui c’est parce qu’on est le 17 décembre et on va garder cette habitude de communiquer tous les 17 du mois en référence à l’ODD17 😉 donc rendez-vous le 17 janvier pour de prochaines news !

PS 3 : JOIN FORCES ne s’occupera PAS directement de soutenir des initiatives numériques car il y a déjà de super acteurs qui font des trucs super comme Simplon Foundation sous la direction de Guillaume Trouille qui participe à des justice leagues géniales comme Les Intrépides de la Tech ou WoGiTech – Women & Girls in Tech… mais bon, on ne va pas se priver de mettre de la tech et de l’IA dans le soutien de JOIN FORCES aux collectifs et aux « backbone organizations » car ça peut aider grave 😉

PS 4 : si vous voulez soutenir JOIN FORCES avant le 31/12 et bénéficier de toutes les défiscalisations possibles et imaginables en France mais aussi dans plus de 30 autres pays, c’est là que ça se passe : https://www.join-forces.org/soutien

PS 5 : il y a pas de PS 5 mais je trouvais ça drôle d’aller jusqu’à 5 en mode blague par rapport à la console de jeu Sony Playstation (ok c’est un bide), et aussi pour voir si vous allez lire ce long post jusqu’au bout, et vous arracher un dernier petit sourire 😀

Pour des technologies, usages et expériences immersives plus responsables !

Il parait que la mode n’est plus au « métavers » : on l’entend et on le dit mais est ce vrai ? Non. Est ce que les mondes immersifs sont irrémédiablement condamnés ? Bien sûr que non. Les sarcasmes faciles sur l’entreprise qui s’est renommée en 2021 pour afficher son soutien et sa vision et qui a investi des milliards pour faire émerger des plateformes, des outils, des équipements et des usages ne doivent pas nous cacher l’essentiel : les technologies, usages et expériences immersives sont parmi nous et elles ont vocation à se développer et à être adoptées largement dans le monde des organisations et aussi au sein du grand public.

C’est pour cette raison que Simplon et la Simplon foundation s’est saisie de cette problématique pour creuser leur volet « soutenabilité » et « responsabilité » et a embarqué plus de 30 contributeurs pour en avoir le coeur net : que peut on répondre aux questions « qui fâchent » sur les métavers et ces technologies immersives (XR ou pas) et que peut on faire pour discerner leurs meilleurs usages « for good ».

J’ai eu cette formule qui résume un peu notre idée de base : « C’est précisément parce que les métavers n’existent pas encore et que les technologies et expériences immersives cherchent encore leurs usages et leur place dans l’écosystème numérique qu’il faut travailler aux questions de responsabilité et de soutenabilité qui les concernent. Après il sera trop tard.« 

Créé avec Midjourney

Depuis son lancement le 12 octobre 2022 lors d’un événement chez AG2R La Mondiale qui a réuni 119 participants autour de 4 tables rondes d’une grande richesse de points de vue ayant donné lieu à un compte-rendu (consultable ici). La démarche a continué à rassembler et à faire converger des acteurs variés directement impliqués dans l’écosystème immersif et métavers.

Plus d’une vingtaine de réunions plus tard, l’ensemble des échanges approfondis et des contributions ont été synthétisées dans un livre blanc dont le contenu aborde les points suivants :

  • Définition et périmètre des contributions : toutes les technologies, usages et expériences immersives
  • 4 thématiques clés : gouvernance-droit-régulation, santé, écologie-climat-biodiversité et diversité-inclusion-accessibilité
  • Pour chaque thématique : les questions qui fâchent ; quelques cas d’usages, acteurs clés et initiatives notables ; que faire ici et maintenant ; perspectives à 2030 ; dans quelles “protopies” se projeter et quelles ressources pour aller plus loin (protopie : mot créé en 2009 par Kevin Kelly, futurologue de 70 ans à la barbe blanche qui est l’un des fondateurs du magazine Wired, une “protopie” n’est ni une dystopie, ni une utopie car “Aucune des deux ne paraissait réalisable ni même désirable”. Formé de “topos” – le lieu – et du préfixe pro qui fait référence à “progrès, progression, prototype, opposition à anti, c’est-à-dire ‘oui’ par opposition à ‘non, à professionnel et à tous les sens positifs du “pro”, qui va de l’avant.”)

Cette démarche collective de réflexion et de contributions que nous avons mené afin de poser les problématiques clés, de recenser les solutions et les cas d’usages existants et de proposer un chemin vers plus de responsabilité dans les technologies, les usages et les expériences immersives va trouver son point d’orgue le 19 octobre 2023 prochain avec la restitution du livre blanc synthétisant l’ensemble des travaux du collectif lors d’un événement exceptionnel qui se déroulera en présentiel chez Microsoft France (Issy-les-Moulineaux) et sera retransmis en ligne sur Teams.

Le programme de cette journée exceptionnelle :

  • restitution du livre blanc sur lequel plus de 30 contributeur-trices travaillent depuis un an et qui rassemble autour de 4 thématiques clés (diversité et inclusion, santé, environnement et gouvernance) les questions qui fâchent (et des éléments de réponse), des cas d’usages positifs et des éléments prospectifs pour favoriser des technologies, usages et expériences immersives plus responsables
  • 3 tables rondes avec des speakers aussi passionnés qu’engagés qui débattront sur les thématiques suivantes :
    • « Le métavers est mort ou il bouge encore ? Pour ou contre ? Pourquoi faire ? Les questions qui fâchent ! » avec Martin Signoux (Meta), Vincent Guigui (OCTO Technology – Accenture) et Maud Clavier (CNXR, VRROOM)
    • « Limiter les impacts négatifs, promouvoir des usages sobres et positifs : oui ! Mais comment on fait concrètement ? » avec Didier Eyssartier (Directeur Général Agefiph), Emilie Brochette (Orange), Vanessa Pénélope (France Immersive Learning) et Landia Egal (Tiny Planets pour le collectif CEPIR)
    • « L’immersif avec des IA, dans le Cloud, avec ou sans Web3 et en toute cybersécurité : convergence technologique, responsabilité et soutenabilité » avec Adrien Basdevant (avocat, co-auteur du rapport gouvernemental sur le métavers), Philippe Trotin (Microsoft France), Marion Scordia (Simplon.co) et Maxime Efoui-Hess (Shift Project)

Il reste 50 places en présentiel donc vous pouvez faire suivre ce mail et le lien d’inscription suivant : https://my.weezevent.com/xr-et-metavers-responsables

Les contributeurs de la démarche : 3D at Home, AÉSIO mutuelle, Agefiph, Atelier BNP Paribas, Basdevant Law Firm, CEPIR, Cisco, CNXR (Conseil National de la XR), Coopérative Carbone, Digiworld Institute, EFREI – Grande école du numérique, ELYX & Fondation Elyx, Euromersive | European Federation of XR Professionals, FABERNOVEL, LA FEDERATION LE PARK NUMERIQUE, France Immersive Learning, GatherVerse, Giris, Greenspector, Havas Group, MainBot, Meta, Microsoft, Ministère de l’Education Nationale, NP Solution, Observatoire Handicap Monde, OCTO Technology et Accenture, One Digital Nation, Orange, PwC, Renaissance Numérique, Simplon.co, Simplon Foundation, Marie-Christine Tan, Tiny Planets.

Repris de Médium : Après l’oral des pionniers French Impact

JE REPRENDS ICI CE POST MEDIUM

Pendant les groupes de travail French Impact avant le lancement de l’appel à projets, j’avais plaidé pour que cet appel à projets récompense non pas des “pionniers” individuels en tant que projets, mais des coalitions, des consortiums ou des alliances de projets ou des projets “collectifs”. J’avais utilisé une métaphore très communicante comme à mon habitude en parlant de “Justice League”, le Marvel/DC Comics où plein de super héro•ïne•s se réunissent pour affronter un danger qui les dépassent tou•te•s avec comme slogan “You can’t save the world alone” : tout est dit, c’est clair non ?

C’est dans cet esprit que Simplon a déposé un projet seul, qui consiste à proposer gratuitement l’entièreté de sa méthode en licence ouverte Creative Commons et donc “en Opensource” – “Simplon Open Commons”- pour que les grands réseaux en contact avec les publics éloignés de l’emploi (Ecoles de la 2ème Chance, EPIDE, SMV, SMA, réseaux d’éducation populaire, de médiation sociale ou numérique, d’Insertion par l’Activité Economique et d’accompagnement à l’entrepreneuriat…les tiers lieux, etc) puissent s’en emparer pour lancer leurs actions de formation, leurs écoles et faire un vrai effet de levier.

Mais c’est aussi dans cet esprit que Simplon s’est joint à d’autres projets, le premier autour d’Emmaus Connect/We Tech Care (❤) et de sa plateforme “Les Bons Clics” qui consiste à réunir là encore plusieurs acteurs pour “join forces” : Croix Rouge Française (❤) et son réseau de structures, de salariés et de bénévoles au service de ses bénéficiaires (coucou Greg), Bibliothèque Sans Frontière et Voyageur du Code (enfin Jérémy… mieux vaut tard que jamais), les Régies de Quartiers (❤) et of course Simplon en tant que réseau de Fabriques mais aussi et surtout pour développer une partie de la plateforme au travers de Simplon Prod (moins cher, solidaire, créateur d’emplois dans les territoires). Bref un truc génial, historique aussi et exemplaire car “collectif”. L’autre projet c’est avec nos amis de l’AFEV (❤) dont on accompagne déjà la stratégie numérique entre autres, et qui portent pour French Impact une initiative super aussi qu’on pourrait booster avec Simplon Prod également.

En sortant de l’oral, le jury par la voix de son président, un pape de l’ESS bien connu des services et reconnaissable à son franc parler et à son crâne dégarni (désolé Hugues ❤), me dit :

“Comme tu avais dit que tu étais pour faire des alliances, tu seras pas étonné si on te demande de faire avec d’autres, et pas contre ?“

Ma réponse a été rapide et n’a pas tardé :

“Bien sûr que non au contraire, avec plaisir !”

Quand je suis sorti j’ai dit ça aux derniers qui allaient passé l’oral :

“Eh, il vont peut être demander aux projets de fusionner ou de bosser ensemble : c’est cool non ?”

Les réactions ont été un peu contrastées 😉 la compétition c’est dans nos gènes et dans nos habitus sociaux : ce qui m’a fait marrer c’est Benjamin (❤) et son acolyte d’Article 1 (❤) qui m’ont dit en rigolant :

“Nous aussi tu crois qu’ils vont nous demander ça ? Car on a déjà donné côté fusion non ?”

LOL, mais on va y revenir ici aussi sur Article1 = Passeport Avenir + Fratelli

Et en repartant, j’ai croisé François Marty et Anne-Gaëlle du Chênelet (❤) et j’en ai reparlé et là le marin d’eau douce me dit :

“Marrant, j’en parlais justement et je disais pas #JusticeLeague moi mais je me demandais pourquoi on était pas “plus solidaires entre solidaires”. D’ailleurs il parait que tu arrives à Calais donc pourquoi on fait pas des trucs ensemble ?”

Et là je parle d’aujourd’hui et de l’appel à projets pionniers French Impact mais c’est tout le temps, partout que le problème se pose, car est plus global :

Lisez ce livre absolument

Tout ce qu’on essaye de faire à Simplon et de tout ce que je fais au quotidien c’est de jouer collectif, d’aider les autres projets, faire des trucs à plusieurs, fédérer, créer des “alliages” et des alliances… Notre réseau de fabriques partenaires est nativement “partenarial” depuis toujours et très hétérogène avec des AFPA, écoles de la 2ème chance, GRETA, établissements d’enseignement supérieur, maisons de l’emploi, fondations d’entreprise qui portent des écoles “type Simplon” et il va l’être encore plus avec “Simplon Open Commons”. C’est historique et partout :

  • Notre programme Refugeek a été lancé avec SINGA (❤), et c’est nous qui avons dit à Singa de postuler pour EPIC (❤❤❤) et ils sont maintenant à nos côtés avec Sport dans la Ville et Agir pour l’école (by the way EPIC aussi est une #JusticeLeague comme Ashoka (❤❤❤) ou la France s’Engage (❤❤❤)… on va y revenir, car ces #JusticeLeague là, c’est pas des tiroirs caisse genre on prend et on se tire, il faut rendre, aider, toussa…
  • Nous menons le consortium CAPPRIO avec Les Petits Deb, Cap Digital, Universcience et Open Classrooms, participons à ClassCode avec Magic Makers et l’INRIA, et faisons bloc avec Zup de Co pour des actions kids pour Microsoft (40k enfants touchés l’année dernière) #JusticeLeague
  • La Grande Ecole du Numérique (❤❤❤) qu’on a aidé à monter et dont on est le premier réseau quantitativement et qualitativement (inclusion, meufs, QPV) et qu’on défend autant qu’on lui demande, c’est aussi une #JusticeLeague on va y revenir
  • On est sociétaire (pas que prestataire) de Label Emmaüs (❤) #JusticeLeague et aussi de la (❤) MedNum #JusticeLeague qui rassemble les acteurs de la médiation numérique, l’Etat, etc
  • Je suis au bureau et au CA du Mouves (❤❤❤) qui rassemble (#JusticeLeague) les entrepreneurs sociaux de l’ESS au delà de leurs statuts, mais aussi de HAND (❤) qui a été monté par un Fellow Ashoka (coucou Gaël) et je leur trouve des fonds et monte des trucs avec eux et les écoles Simplon en Outre Mer #JusticeLeague
  • On tente de monter des alliances de mécènes (l’Admical dit “collective fundraising”) sur la ruralité et aussi sur l’Outre Mer #JusticeLeague
  • Avec AG2R La Mondiale (❤), nous portons une initiative structurante pour tous le secteur avec DigitESS qui est une #JusticeLeague pour aider à la transformation numérique des acteurs de l’ESS… on va y revenir ici
  • La Social Good Week est un bel exemple historique de fédération, le Social Good Accelerator aussi (#EuropeJusticeLeagues), Startupsociales.comaussi et plus récemment, création de France Eco Sociale Tech récemment avec Nicolas (Ring/Investir&+), Chiara (LedByHer), Santiago (ChangeNow), Ismaël (HelloAsso), Mathilde (ShareIT) et Anita (Investir&+) au sein de France Digitale pour fédérer les écosystèmes tech et impact social au delà des “usual suspects”… #JusticeLeague mais j’y reviendrais ici…

Donc voilà, c’est fait, ça faisait longtemps que ça me chauffait et que je le disais qu’il fallait le faire, dans les tribunes, les colloques et les microcosmes et autres “landerneaux”, maintenant je le fais et que c’est si jubilatoire de le faire ou de voir l’effet que ça fait à celles et ceux pour qui c’est disons, pas naturel (les boutiquiers, les compétiteurs, les cachotiers, les logiciels en mode “jeu à somme nulle”, les pingres) : je vais continuer de plus belle à en parler ici et à plaider pour qu’on unisse les forces, qu’on soit “solidaires entre solidaires” comme dit Marty.

Donc à bientôt pour lire ici des histoires de coopérations, de coalitions, de consortium, d’alliances, de fusions, de synergies et d’alliages, réussies mais sans obérer leurs difficultés tant que c’est générateur d’impact social, de mutualisations des coûts et d’économies d’échelle.

Et en attendant vive les #JusticeLeague ❤❤❤

La « banlieue » et moi : pourquoi (faire) ?

Simplon.co est une initiative qui tente de démontrer que les personnes qui vivent ou sont issues de « quartiers politique de la ville » (aka « quartiers populaires », aka « géographie prioritaires » mais qu’on devrait appeler comme le dit si bien Majid El Jarroudi, Directeur de l’Adive des « territoires d’avenir ») sont celles qui doivent bénéficier en contrepartie de « l’apartheid » dont ils sont l’objet de solutions, d’efforts et d’attention redoublés, mais surtout que la révélation de leur potentiel doit être une priorité nationale. C’est pour cela que Simplon est implanté dans le 93 et dans des quartiers politique de la ville à Marseille dans les quartiers Nord, à Narbonne, à Roubaix, à Boulogne sur Mer et bientôt à Paris, à Verdun, à Vannes, à La Réunion, à Noyon, à Montpellier, à Lunel, à Toulouse, à Sarcelles, à Epinal, à Dunkerque, à Nantes, à Besançon, à Nevers, à Bordeaux, à Mantes la Jolie ou à Trappes…

Cette semaine, j’ai également été nommé par décret et « installé » lundi dernier aux Mureaux par Manuel Valls au sein du collège « personnalités qualifiées » du Conseil National des Villes (CNV) aux côtés de plein de gens bien (Anne Charpy de Voisin Malin) et Christophe Paris de l’AFEV ce qui m’a amené à signer, le Secrétaire national de l’AFEV Thibaut Renaudin, une tribune sur la nécessaire innovation dans la solidarité et le numérique pour les quartiers : lisez là et partagez là sans modération ici mais en voici quelques morceaux choisis :

  • « Car, ne nous y trompons pas, les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans ces quartiers ne sont pas différents du reste du territoire, il n’y a pas de spécificité propre, ils sont juste plus importants sur des zones où l’on a fait le choix politique de la concentration. Plus d’exclusion économique, sociale, politique, géographique et ethnique, et surtout plus de discriminations qu’ailleurs !« 
  • « Si ces quartiers subissent beaucoup de fractures, il reste néanmoins deux domaines qui échappent à la règle : la solidarité et le numérique ! Ces jeunes des quartiers, et plus globalement les habitants en âge de travailler, sont les déshérités de l’économie industrielle du 20ème siècle. Faisons aujourd’hui, avec eux, le pari de l’accompagnement numérique. Dans une économie de la connaissance, aucun jeune ne doit sortir de l’école sans diplôme, permettons à ces habitants de développer les compétences transversales nécessaires dans notre économie moderne.

Enfin, j’ai également le plaisir d’accompagner la même semaine, avec Simplon et une Simplonienne (merci Naomi), deux initiatives très différentes mais très complémentaires autour des banlieues :

  • « Osons la banlieue« , une série d’événements en forme de « forum économique dans les quartiers » initiée par Aude de Thuin et construite par la Fondation Mozaïk RH (Saïd Hammouche) et la Caisse des Dépôts partant du principe de « La banlieue est un formidable réservoir de croissance économique. Elle regorge de jeunes talents, de nouveaux business models et de créativité. Tous les ingrédients sont là, mais il manque encore le déclic, la sauce qui lie le tout. Nous voulons jouer ce rôle : constituer la plate-forme de mise en réseau et de mobilisation de l’ensemble des acteurs du monde économique pour valoriser l’excellence de la banlieue et déployer son potentiel économique. En un mot : être le fédérateur de talents, l’accélérateur d’opportunités.« 

Alors la question que je me pose, et que je pose ici c’est : pourquoi ai-je tant d’intérêt pour la « banlieue » et les personnes qui y vivent et qui sont largement issues de la diversité alors que moi-même je ne suis pas originaire de ces quartiers (je suis né à Montmorillon dans la Vienne qui est plutôt un petit bourg en zone rurale), je n’ai pas grandi au contact de personnes qui y sont nées ou y ont été élevées (c’est pas à Science po Toulouse, à Paris Assas ou dans mes précédentes expériences professionnelles en agence de communication que j’aurais pu le faire) ?

Bah oui pourquoi ? Et pourquoi pas ?

Même si rien n’oblige à avoir toujours une raison pour faire les choses (mais moi j’aime bien, savoir, ou au moins me poser la question), et après y avoir (un peu) réfléchi, j’ai envie de donner des réponses qui me sont personnelles (donc pas la peine de troller sur des généralités, ici c’est de moi et des raisons qui me sont propres) et qui peuvent expliquer mon intérêt et mon engagement pour « les quartiers ».

La lutte des classes d’abord, clairement. Je suis d’origine modeste, d’une petite ville plutôt rurale, mes parents sont eux aussi d’origine très modeste (plus que moi car ils étaient poissonniers donc commerçants et gagnaient leur vie à la sueur de leur front donc j’ai pu faire des études) et j’ai donc de part mon histoire personnelle un rapport très fort à la question sociale, à la lutte des classes et une haine viscérale de la « distinction » utilisée par les riches, et les bourgeois, pour marquer leur différence avec « les autres », et je pense que dans une immense mesure le « problème » des quartiers n’est pas religieux mais social, économique et donc politique… Donc dans les quartiers, ce qui m’interpelle avant tout, ce en quoi je me sens proche, c’est en quoi ils représentent la classe laborieuse ou chômeuse ou trafiquante que les classes moyennes et aisées désignent comme « parias »…

Le « devenir minoritaire » aussi car l’autre aspect qui est très présent dans ma vision du monde, c’est mon aversion épidermique pour les asymétries, les rapports de force démesurément déséquilibrés, ça me rend dingue et ça me pousse donc naturellement à les combattre, à me mettre systématiquement du côté du « faible » contre le « fort », à vouloir rétablir les équilibres, redonner du pouvoir (d’agir) à celui qui en est privé ou qui en manque pour lutter contre l’oppression, à privilégier les mécaniques d’émancipation à celles qui aliènent, etc. Gilles Deleuze appelait ça le « devenir minoritaire » et c’est ça je crois qui me fait me sentir « rebeu » ou « black » ou « banlieusard », musulman ou « voilée » parfois aussi…

Aussi longtemps que je puisse remonter dans mes souvenirs, la seule fois où j’ai pu être en contact avec des personnes des quartiers prioritaires territoires d’avenir, c’était quand j’étais militaire, pas à Saint Cyr (malheureusement non) mais dans les parachutistes où mon binôme et plein d’autres paras étaient issus de ces quartiers, et mon mémoire à science politique portait sur « la reproduction des élites dans le recrutement des IEP » et mon attirance pour l’humanitaire, le « social » et le service des autres m’a fait oublier que j’étais un pur produit de cette école républicaine qui (re)produit tant d’inégalités sociales alors qu’elle devrait réduire les fractures sociales, numériques… Mais maintenant, parce que je suis engagé dans Simplon, c’est tous les jours que je suis baigné dans la banlieue et c’est un pur bonheur qui me remplit autant que quand je suis en Afrique en brousse ou dans un quartier populaire, et depuis peu autant que quand je rentre dans mon chez moi à Paris avec mes petits blancs d’enfants de bourgeois éduqué de l’innovation sociale, à Chateau Rouge et qu’ils me disent : « papa ce soir tu as vu, c’est encore le marché des cacahouètes » 😉

Simplon a été créé pour proposer des formations aux métiers numériques en tension à des jeunes décrocheurs et plus globalement des chômeurs de tous âges qui sont prioritairement issus des quartiers populaires (pas que car on s’attaque à la ruralité aussi, aux DOM TOM, à l’Afrique mais quand même beaucoup les banlieues). Mais au-delà de ça, c’est bien de mettre de la diversité dans le numérique, dans les entreprises du numérique, dans les postes numériques des entreprises et dans l’entrepreneuriat numérique et dans l’ESS qui en manquent CRUELLEMENT dont il s’agit. Il n’y a qu’à aller des rassemblements, dans les lieux d’élection et scruter les dirigeants de ces univers – tous blancs, éduqués, bien géographiquement nés, socialement émancipés – pour voir qu’il y a un clair souci de représentativité des banlieues et des personnes qui en sont issues et moi, ça me gonfle, vraiment !

Voilà, c’est tout, juste pour partager un peu ce que cette semaine « quartiers » m’a amené à réfléchir, et vous ça vous fait réfléchir, vous allez faire quoi, ou vous faites quoi, vous à ce sujet ? Réagissez dans les commentaires si le coeur vous en dit.

Enfin de retour en Afrique…

J’écris ces lignes de mon hôtel du Cap en Afrique du Sud où je suis pour le lancement et le pilote d’un événement qui va je l’espère faire date dans l’histoire numérique du continent africain : l’Africa Code Week – la Semaine africaine du code et le bel article de Samir dans Le Monde sur le sujet et son histoire.

Initiée par le département Corporate Social Responsibility de SAP pour la zone Europe, Middle East & Africa (EMEA), cette aventure a été rendue possible par qu’une petit groupe de gens et d’organisations y ont cru : le Galway Education Center en Irlande, le Cape Town Science Center et Simplon.co bien entendu !

Sous le haut patronage des secrétaires d’Etat à la Francophonie et au numérique, Annick Girardin et Axelle Lemaire, cet événement a été lancé officiellement hier soir, voici quelques photos (de moi #egotrip mais c’est un peu l’idée de ce blog).

Et ci-dessous la reproduction de la petite adresse que j’ai faite à cette occasion et dans laquelle vous retrouverez mon idéalisme (voir mon côté #bisounours) et mon envie de passer plus de temps sur ce continent fascinant, envie que je partage avec ma femme à laquelle l’Afrique manque aussi, mais c’est pour bientôt !

I hope that you enjoy your diner, I will be brief. Excuse me for my voice because îam sick, excuse me for my bad english and french accent but Iam french, and i seize the opportunity here to thank the Consul of France to be here tonight

Iam frederic bardeau, the CEO of Simplon, which is a social company who propose some free 6 months coding training to underprivileged young unemployed people from poor suburbs and rural areas in France, in romania and now with the help of SAP in Johannesburg within Sci Bono the Discovery science center

Simplon is very active and activist in sharing coding skills to children, women, unemployed talents so when SAP first mention the project of adapting the european code week for africa, I confirm that simplon would give all its energy to make this happen

Africa has enough divides and inequalities not to add a new one: the digital divide. So for africa’s future, for africàn youth: Africa code week is very important to raise the Coding issue in the continent. Coding is like having super powers, to understand our world, to profit from all the jobs opportunities

For this africa code week, Simplon will help for the coordination, for the workshops with our friends from SAP and Galway Education Center (please stand up) and also we will help for the content that will be freely distributed on OpenSAP which is a fabulous online plateform (please Ian stand up and applause him).

But we want everyone to get in the digital train, and It won’t be possible without your help. Governements, education professional, companies, NGOs: we all have to seize this historic opportunity

And because this africa code week is a pan continental initiative, with a majority of french speaking countries : let’s say It in french. Africa code week is La semaine africaine du code.

Thank you for your attention

#OpCharlie : désobéissance numérique et hacktivisme (again)

Avec #OpCharlie, j’ai repris le chemin des plateaux de TV et des émissions de radio pour expliquer qu’Anonymous n’est pas un parti politique ou une ONG, que les personnes qui luttent contre le « cyberjihad » sont les mêmes que celles qui tentaient de « défacer » le site du ministère de la défense pour protester contre la mort du Rémi Fraisse et que ce seront les mêmes qui se manifesteront quand le début d’un « Patriot Act » à la française pointera le bout de son nez (quoi c’est déjà le cas ?).

Mais fait plus rare, j’ai eu 50 minutes sur France Culture pour en parler un peu plus longuement, merci à Cultures Monde et à Xavier Martinet de m’en avoir donné la possibilité :

Capture d’écran 2015-02-03 à 07.50.01

à ré-écouter ici

attention les yeux…

Image

Bon bah voilà, après une longue absence, une longue hésitation sur le canal (Medium ou pas, etc.), je reviens à mon bon vieux blog WordPress que j’avais délaissé après l’avoir ouvert car j’étais frustré d’avoir délaissé mon Typepad que j’avais délaissé après avoir blogué dessus des années…

Et pourtant il s’en est passé des choses…
Fini LIMITE, vive Simplon.co, Les Compagnons du DEV et Kids Coding Club aussi…

Ecrire en ligne pour moi c’est un défouloir, un moyen de réfléchir à plusieurs en live et d’aborder des sujets personnels ou professionnels mais de mon point de vue à moi (qui n’engage pas Simplon.co)…

Et c’est pas les problématiques qui manquent donc c’est reparti !

yalla

L’hacktivisme et moi : suite et fin…

Fidèle à ma vision et tradition exutoires du blogging, voici un article destiné à faire le point sur le pourquoi je me suis intéressé à l’hacktivisme, le pourquoi j’ai provoqué récemment un débat assez violent dans le petit landerneau du web français et surtout le pourquoi je ne m’y intéresserais désormais plus que sous un aspect privé.

Sans refaire l’histoire, dont une partie est écrite ici, c’est bien parce que je m’intéresse à la politique (j’ai fait science po et une maîtrise de sociologie politique) et à l’engagement (un besoin personnel qui a toujours été présent chez moi) que je me suis intéressé aux phénomènes politiques portés par les technologies et les usages d’Internet, que je me suis progressivement professionnellement spécialisé dans les ONG et la communication responsable en co-fondant l’Agence LIMITE, et enfin que j’ai entrepris, avec Nicolas Danet, d’écrire un livre sur Anonymous.

Mais cet intérêt pour l’hacktivisme, je l’ai investi avec ce que je suis, de mon point de vue à moi, avec mes prismes personnels et professionnels, bien entendu, et pas en universitaire (Biella Coleman le fait très bien), ni en journaliste à sensation (pas de noms) et encore moins en spectateurs engagés ou pseudo-acteurs ayant un pied dans chaque camp (surtout pas de noms là non plus). De telle sorte que c’est bien parce qu’il renouvelle l’activisme, qu’il permet de démocratiser l’éthique hacker et les outils, et qu’il peut permettre de fédérer le plus grand nombre autour de thématiques importantes (liberté d’expression, censure, partage, neutralité, participation, action…) que l’hacktivisme m’intéresse. Et c’est là que c’est cristallisé certains points de désaccord très vite transformé en hostilité avec le sérail (autoproclamé) des hacktivistes français.

Retour sur une polémique à la manière d’un arbre qui cache une forêt.

Après un accueil enthousiasme du grand public pour notre livre « Anonymous », qui faisait écho et suite à l’accueil populaire mondial pour Anonymous en tant que phénomène politique, le microcosme hacktiviste a réagi de manière contrastée. Au niveau global des voix se sont élevées du côté de « l’élite » ou de l’underground pour critiquer les « script kiddies » et les kikoolols qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient en défendant bêtement Mégaupload ou en pratiquant le DDoS. Et en France les protagonistes de la sphère hacktiviste ont hésité entre l’indifférence, le mépris ou la collaboration discrète avec Nicolas et moi en tant qu’auteurs du premier livre francophone sur Anonymous (il reste à ce jour le seul), avec LIMITE en tant qu’acteur du rapprochement entre hacktivistes et ONG, et vis-à-vis de moi à titre personnel car je prenais la parole dans les médias sur la thématique Anonymous, Télécomix ou hacktiviste au sens large, mais aussi sur IRC et ailleurs.

L’idée générale, qui transpire dans tous les textes, débats et commentaires, que vous trouverez ci-dessous, c’est que je n’ai pas le droit de m’exprimer sur ces problématiques, que je n’y comprend rien, n’étant pas moi même un hacker / hacktiviste / hackeriste / nétocrate), et donc que je ne devrais donc pas l’ouvrir et surtout pas insister sur les points clés de ma critique à l’encontre des hacktivistes en France, mais aussi au niveau international. Rappelons donc quels sont les points clés de ma critique, ce que sont ces « maladies » de l’hacktivisme (français), et le pourquoi je l’ai appelé à « changer de posture » dans Reflets.

L’élitisme et l’arrogance des hackers d’abord, et leur mépris du grand public, qui a naturellement contaminé l’hacktivisme, parce que les hackers et leur vision du monde y sont prédominant. Cet élitisme snob a été analysé dès les débuts du réseau et de la cyberculture, Tim Jordan a écrit des choses assez définitives sur la cyberélite en lutte avec les internautes normaux, la lutte des classes et le dualisme numériques qui ignore les déconnectés et la réalité non numérique. L’hacktivisme, spécialement en France, c’est donc une technocratie (la nétocratie), et en plus c’est une oligarchie un peu bobo, mais elle se prend pour une démocratie, un mode participatif et se pare des atours de l’horizontalité alors qu’elle est pyramidale et minée par les « égo-trips » de personnes auquel le succès médiatique ou l’anonymat a donné des chevilles gonflées. Même Télécomix et Anonymous payent cette recomposition autour de figures tutélaires, ce mode « pseudonymous », mais heureusement « l’idée d’Anonymous » ou ce qu’à représenté Télécomix avant sa médiatisation ne sont pas réductibles à ce qu’ils sont devenus. Le manque de culture politique aussi, et la croyance que la formalisation et les relations avec des organisations structurées est « le mal », ça aussi il y a aurait encore des choses à en dire. Et c’est précisément pour cela que j’avais appelé de mes voeux à la formation d’une coalition des mouvements hacktivistes et des individus se sentant proches de cette mouvance, précisément afin de :

– tuer l’effet microcosme => faire taire les égos et les orgas trop puissantes : dans ce pays, rien n’est possible au niveau du numérique et de la défense des libertés sur Internet si BB, JZ et tutti quanti n’ont pas donné leur accord en tant que figures tutélaires, tout le monde attend leur feu vert pour bouger, c’est un fonctionnement oligarchique pas très sain et loin du modèle du bazar (plus en mode cathédrale)…

– lobbying et plaidoyer => créer de synergies sur ce sur quoi tout le monde est d’accord, éviter la dispersion, parler d’une voix rassemblée sur les gros dossiers, fournir un interlocuteur global aux pouvoirs publics et aux entreprises et aux ONG et aux partis politiques => comme une fédération, un syndicat interprofessionnel, une coordination ou une alliance…

– toucher le grand public => mener des campagnes d’information et de communication à destination du grand public pour changer les comportements, interpeller, faire de la propagande et faire bouger les mentalités de manière groupée et sur des messages qui font consensus , il y a 40 millions d’internautes en France et seulement quelques milliers de geeks qui font la plus et le beau temps, ça suffit !

Pour reconstituer la prise de conscience qui a abouti à mon coup de gueule, au débat et à ma décision de ne plus prendre part aux échanges sur le sujet « hacktiviste », voici une reconstitution chronologique :

– 5 mai 2011 : organisation d’un webreakfast en petit comité entre Télécomix (okhin) et des ONG françaises

– de février à novembre 2011 : recherche documentaire, entretiens, écriture et publication d’ « Anonymous. Pirates informatiques our altermondialistes numériques » (FYP Editions)

– début février 2012 : conférence débat hackers/ONG durant la Social Media Week, avec Télécomix, la FIDH, Greenpeace, la Croix Rouge, Open Street Map, largement couverte par les médias

– le 3 juin 2012 : organisation d’un atelier et d’un démo de drones par des agents Télécomix au Salon des solidarités, avec soutien média de mon fait (voir ici chez OWNI par exemple, et là chez France 24) ;

– le 28 juin 2012 : une conférence de Richard Stallman que j’ai co-organisée et qui m’a permis de comprendre, car j’ai hébergé chez moi, côtoyé et organisé des interviews pour le « grand homme du libre », le rôle que jouait des figures comme RMS dans l’idéologie élitiste des hacktivistes/hackers ;

– 17 juillet et 15 août 2012 : deux articles emblématiques de ce que je dénonce car ils concernent le traitement et le comportement médiatiques de Télécomix dans le cadre de l’#OpSyria : l’un publié dans Libération (« Un squat déterre le hack de guerre« ) et l’autre dans Rage (« Je suis un anarchiste » article auquel j’avais souhaité faire une réponse qui a été publiée récemment mais un peu tronquée et à retardement malheureusement) ;

– août 2012 : l’entretien déclencheur « piège » que m’a tendu Yovan dans Reflets « L’hacktivisme doit changer de posture » et ses nombreux commentaires très instructifs pour comprendre les tenants et aboutissants et les acteurs de ce débat ;

– la réponse de Bluetouff dans Reflets (« Les hackers, la cathédrale et le bazar« ), et l’explicitation de la véritable pensée arrogante qui se trouve derrière le sérail hacktiviste : la Netocratie, les rebonds de Yovan et de Kitetoa, et celui de Tris aussi qui est à elle seule un emblème de la schizophrénie du landerneau ;

– 8 septembre 2012 : l’émission Place de la Toile sur France Culture consacrée à notre débat (ré-écoutable), que j’ai provoquée par un message à Xavier et Thibaut et qui a très vite rempli et flatté l’égo de Yovan et Bluetouff qui se sont empressés de répondre présents !

Quelle conclusion ?

A l’opposé, Wikileaks en passant de Mendax à Assange a sauté le pas et, avec Bradley Manning, se sont véritablement et considérablement exposés, eux méritent le soutien populaire, des campagnes et tout l’intérêt médiatique possibles. Occupy également est symptomatique de cette tendance positive qui a réussi, en gommant par le consensus tout porte parole et tout égo-trip, à créer une brèche dans l’histoire des idées et des mouvements sociaux.

Toujours est-il qu’à de rares exceptions près, et qui étaient déjà programmées (un article dans une revue de Sécurité sur le fait qu’Anonymous n’est pas une menace et que la cyberguerre est un mythe + 2 interventions le 18 octobre prochain sur les relations hacktivistes/ONG à Paris Web et dans le cadre de la Fonda avec les mouvements altermondialistes), je ne m’exprimerais plus publiquement, ni ne publierais sur la thématique de l’hacktivisme, les relations avec les ONG, Anonymous, Télécomix, etc.

Mais je continuerais à m’y intéresser, à suivre de près les conséquences des points clés de ma critique des maladies qui touchent le phénomène hacktiviste, et qui ne manqueront pas de se faire sentir dans les prochains temps, et à penser qu’un autre hacktivisme est possible s’il change de posture.