Une newsletter (en anglais) entièrement dédiée à l’IA for good, soutenable et responsable ?!?

Oui, tout à fait, même que c’est là que ça se passe : https://fredbardeau.substack.com/

Faut dire que le sujet est d’actualité et d’importance (cf ci-dessous) :

Et comme il se trouve que je fais un travail de veille et de curation sur ces sujets importants en parallèle de ma montée en compétences sur l’intelligence artificielle en général, le machine/le deep et le reinforcement learning, les IA génératives et les LLMs… et que « Sharing Is Caring », je vous signale ma newsletter (en anglais) sur l’intelligence artificielle responsable et ses cas d’usages « for good ».

https://fredbardeau.substack.com/

UPDATE : Seamlessm4t by Meta (plus que ChatGPT) est-il la concrétisation (enfin) réussie du mythe de la Tour de Babel ?

25 août 2023: Meta vient de mettre en opensource à disposition Seamlessm4t qui se targue d’être un traducteur universel qui prend en compte 100 langues par écrit et en speech to text >>> en savoir plus : https://thetechportal.com/2023/08/22/meta-introduces-seamlessm4t-an-ai-model-that-translates-and-transcribes-nearly-100-languages/

L’humanité a toujours été fascinée par l’idée de surmonter les barrières linguistiques. Cette ambition est ancrée dans nos mythes les plus anciens, comme le récit biblique de la Tour de Babel. Aujourd’hui, cette aspiration trouve écho dans les avancées des technologies des modèles de langage à grande échelle (Large Language Models, LLM) basés sur l’architecture Transformer de type ChatGPT, Bing Chat, Bard, Llama, Claude…

Le récit biblique de la Tour de Babel et les LLM partagent une ambition commune : transcender les limites linguistiques. Dans le mythe de Babel, l’humanité, unie par une seule langue, entreprend de construire une tour qui atteindrait le ciel, illustrant une volonté d’unification et de grandeur. De même, les LLM cherchent à créer une intelligence artificielle polyglotte capable de comprendre et de générer du texte dans diverses langues, démontrant une aspiration à l’unité malgré la diversité linguistique.

Toutefois, il est essentiel de reconnaître que les motivations à la base de ces ambitions sont très différentes. Dans le récit biblique, l’ambition est teintée d’orgueil, avec une volonté de rivaliser avec le divin. Par contraste, les LLM sont motivés par une volonté de résoudre un défi technologique et d’améliorer les interactions humaines à travers les barrières linguistiques.

La Tour de Babel et les LLM représentent tous deux des moments de progrès significatifs. D’un côté, nous avons une tour monumentale, symbole de l’innovation architecturale de l’époque. De l’autre, les LLM, qui sont le fruit des avancées en apprentissage profond et en traitement du langage naturel, sont de véritables prouesses technologiques. Cependant, les conséquences de ces avancées diffèrent considérablement. La construction de la Tour de Babel a fini par entraîner la dispersion de l’humanité à travers le monde et la naissance de différentes langues, entravant ainsi la communication. À l’inverse, les LLM ont le potentiel d’unir les personnes en facilitant la communication à travers les barrières linguistiques.

Dans le récit de la Tour de Babel, l’intervention divine a mis fin à l’ambition humaine. Avec les LLM, il n’y a pas d’intervention divine, mais il y a de sérieuses considérations éthiques et sociales. L’essor des LLM soulève des questions sur leur utilisation responsable, la protection de la vie privée, les biais algorithmiques, et la fracture numérique. Alors, est-ce que ChatGPT, ou tout autre LLM, est une version réussie de la Tour de Babel ? La réponse est plus compliqué qu’il n’y parait.

D’une part, les LLM réussissent là où la Tour de Babel a échoué : ils parviennent à surmonter les barrières linguistiques, facilitant ainsi la communication et l’échange d’idées. ChatGPT, Bard et les autres permettent à des personnes ne maitrisant pas bien une langue (illettrisme, personnes muettes ou sourdes, dyslexie, dysorthographie, etc) de s’exprimer, d’être comprises et d’obtenir une réponse dans plusieurs langues (bientôt toutes y compris le Breton, l’Occitan, etc) ou selon leur degré de compréhension (« explique moi l’informatique quantique comme si j’avais 12 ans »).

D’autre part, les LLM ne sont pas encore « parfaits » loin de là. En premier lieu le nombre de langues qu’ils maîtrisent n’est pas encore complet (100 environ). Ensuite les questions éthiques et sociales qui les entourent nécessitent une réflexion et une réglementation attentives. On sait que les corpus de textes qui sont tokenisés par les LLM pour leur entrainement sont linguistiquement biaisés (contenus anglo-saxons ou « occidentaux ») et à posteriori « traduits » dans d’autres langues. Donc on serait légitimes à se poser la question de savoir si un LLM « francophone », entraîné sur des contenus exclusivement francophones, serait différent par nature d’un LLM multi-linguistique ou anglo-saxon qui serait ensuite « transposé » dans d’autres langues.

Tout comme la construction de la Tour de Babel, l’essor des LLM est une manifestation de l’ingéniosité et de l’ambition humaines. Cependant, il est essentiel que cette ambition ne nous aveugle pas aux implications potentiellement néfastes de ces technologies. Comme le récit biblique nous le rappelle, l’orgueil humain doit avoir des limites. En matière de LLM, nous ne devons pas pécher par solutionnisme technologique, car ce sont les personnes les plus vulnérables, celles qui risquent d’être laissées pour compte, qui pourraient nous en vouloir… et l’idée que l’anglais puissent être la « méta-langue » qui permet de traduire toutes les autres, ou que le langage est réductible à des tokens vectorisés serait un « blasphème » pour les linguistes autant que pour le bon sens.

Abordons donc le développement et l’utilisation des LLM avec humilité et prévoyance, en gardant à l’esprit les leçons de la Tour de Babel. C’est seulement alors que nous pourrons vraiment dire que nous avons réussi là où la Tour de Babel a échoué et reconstruire une autre unité du genre humain dont nous avons tant besoin pour faire face aux défis communs qui sont devant nous.

Peur de l’Intelligence Artificielle Générale : prophétie auto-réalisatrice ou inquiétude infondée qui fait diversion ?

(no spoiler) Dans le dernier volet de la franchise Mission Impossible 7, « Dead Reckoning. Part I », Tom Cruise affronte une intelligence artificielle générale (AGI) toute puissante, connue sous le nom d' »Entité ». Cette IA, capable de s’introduire dans n’importe quelle installation sécurisée, de manipuler la réalité numérique et d’être plus maligne que les humains, incarne un trope courant dans la science-fiction : l’IA malveillante qui domine le monde. Mais cette crainte de l’AGI est-elle une prophétie auto-réalisatrice ou une peur irrationnelle qui empêche de voir les véritables problèmes qui sont devant nous ici et maintenant ?

Le premier point à prendre en compte est le calendrier de développement de l’AGI. Malgré les progrès rapides de l’IA, la plupart des experts s’accordent à dire que l’AGI, un système d’IA doté de capacités cognitives semblables à celles de l’homme, n’existera pas avant 2050, voire n’existera jamais. Si l’IA a fait des progrès considérables, la complexité et la profondeur de l’intelligence humaine restent inégalées. La peur de l’AGI, telle qu’elle est décrite dans des films comme « Dead Reckoning », ne tient souvent pas compte de cette réalité mais c’est la norme actuellement notamment aux US où même les figures les plus proéminentes de la discipline ou du business de l’IA l’encouragent. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a ainsi exprimé ses inquiétudes au sujet de l’AGI, déclarant qu’elle pourrait conduire à « l’extinction de l’humanité » si elle n’était pas gérée correctement. Toutefois, ce point de vue n’est pas universellement partagé par les chercheurs en IA. Nombreux sont ceux qui estiment que l’accent mis sur l’AGI est prématuré et détourne l’attention des défis plus immédiats et plus tangibles posés par l’IA restreinte, tels que la sécurité, l’explicabilité, les préjugés et la garantie d’une utilisation bénéfique de l’IA.

La croyance en l’AGI renforce souvent le préjugé ultime selon lequel les humains se croient inférieurs aux machines. Cette perspective peut conduire à une prophétie auto-réalisatrice dans laquelle nous abandonnons le contrôle aux machines, en supposant qu’elles sont supérieures. Cependant, il est essentiel de se rappeler que nous créons et contrôlons ces outils pour nos besoins. L’image de l’AGI opposée à l’humanité est très répandue, mais il existe de nombreux autres récits dans lesquels l’IA et l’homme travaillent ensemble pour leur bénéfice mutuel. Ce préjugé est savamment entretenu par les « technologues » et les vendeurs de technologie pour des raisons évidentes mais elle parle également au grand public qui fait souvent sienne la citation d’Arthur C Clarck : « Toute technologie suffisamment avancée ne peut être distinguée de la magie. » Hors il n’en est rien. Tout le travail qu’on fait à Simplon va contre cette idée et cette vision : des enfants en primaire, au collège ou au lycée à nos apprenant-es en passant par les salariés que nous up/reskillons, nous avons inlassablement le même discours démystificateur, vulgarisateur et terre-à-terre : ce sont des outils géniaux mais ça reste des outils, nous les avons créées, nous les utilisons, ils doivent rester en notre contrôle, pas de magie là dedans, regardons sous le capot et codons, fablabons, créeons, déconstruisons, etc.

Midjourney « artificial general intelligence for good –s 50 –v 5.2 »

Car l’enjeu est grave et ce n’est pas l’AGI ou « l’Entité » : c’est que la peur de l’AGI nous empêche de nous concentrer sur les vrais problèmes liés à l’IA. Des questions telles que la sécurité, l’explicabilité et les biais, la sécurité et la confidentialité et le respect de la vie privée, les usages inutiles ou toxiques, l’alignement des IA avec les valeurs et droits universels humains sont des préoccupations urgentes qui requièrent une attention et une action immédiates. Par exemple, comment garantir que les systèmes d’IA sont à l’abri des attaques malveillantes ? Comment rendre les décisions de l’IA compréhensibles pour les humains et en adéquation avec les Objectifs du Développement Durable des Nations Unies ? Comment éliminer les préjugés dans les systèmes d’IA ? Telles sont les questions que nous devrions poser et auxquelles nous devrions répondre au lieu de fantasmer sur l’AGI et nous devrions nous concentrer sur le fait de promouvoir l’utilisation de l’IA for good. L’IA a le potentiel de résoudre certains des problèmes les plus urgents du monde, du changement climatique aux soins de santé en passant par l’éducation. Toutefois, ce potentiel ne peut être réalisé que si nous nous concentrons sur le développement et le déploiement de l’IA de manière responsable.

Bien que l’IA constitue un méchant convaincant dans des films tels que « Dead Reckoning », il est important de ne pas laisser ces récits fictifs obscurcir notre jugement. Nous devons nous rappeler que l’IA est un outil créé par les humains, pour les humains. Alors que nous continuons à faire progresser la technologie de l’IA, restons dans le siège du conducteur et encourageons les multiples « IA centaures » où le contrôle reste humain versus une IA « minotaure » où c’est l’élément non-humain qui dirige un corps humain.

L’avenir de l’IA est entre nos mains et il doit le rester for ever.

Non ?

L’IA et le futur du travail: on se met au boulot ou bien ?

Voilà un article sur une thématique qui m’est très chère, puisque je la vis au quotidien avec Simplon : le futur de l’emploi à l’heure de l’IA, et sur un sujet pas facile et controversé.

Je suis tombé dernièrement sur une étude de l’OCDE qui anticipait la disparition de près de 15 millions d’emplois dans les 20 prochaines années à cause (ou grâce) des progrès exponentiels de l’IA et de l’automatisation. Rassurez-vous tout de suite, je ne pense pas qu’on sera tous chômeurs, contrairement à ce que prédisent certains « prophètes de malheur » plutôt pessimistes. En fait, ces études prospectives oublient souvent de mentionner que de nouveaux emplois vont aussi être créés, en nombre, par les mêmes technologies qui en détruisent, et qu’elles vont aussi transformer la nature même du travail pour la majorité d’entre nous.

Midjourney – Artificial Intelligences and Humans peacefully working together, Utopic Cartoon style –s 50 –v 5.2

Pour le meilleur et pour le pire.

Côté meilleur, l’IA va nous permettre de déléguer les tâches pénibles, répétitives et sans valeur ajoutée au robots et aux algorithmes. On aura plus de temps pour se concentrer sur la créativité, l’innovation, les relations humaines et le sens au travail. L’IA pourra aussi augmenter nos capacités cognitives, améliorer notre productivité et personnaliser nos expériences.

Côté pire, les emplois peu qualifiés et ceux basés sur des compétences facilement automatisables risquent de disparaître. De plus, la frontière entre vie privée et vie professionnelle risque de s’estomper définitivement avec des IA de plus en plus intelligentes et omniprésentes. On aura aussi affaire à la dépendance croissante aux machines et à la perte de certaines capacités humaines (calcul mental, orientation, mémorisation, etc.).

Pour conclure, je reste convaincu que l’humain restera irremplaçable. La créativité, l’empathie, la collaboration, la pensée systémique ou encore la sagesse sont des capacités qui font notre humanité. À nous d’utiliser l’IA pour les développer et non les remplacer.

Le succès de demain appartiendra à ceux qui sauront allier l’humain et la machine, en faisant interagir le meilleur des deux mondes. Notre avenir n’est pas de nous faire remplacer par les robots mais de travailler avec eux, en complémentarité. La clé sera la formation tout au long de la vie pour développer ces « complementary skills » et d’autres compétences d’avenir.

Midjourney – Artificial Intelligence taking over human jobs, Dystopic cyberpunk style –s 50 –v 5.2

Sacré Benedict…

L’article « AI and the automation of work » de Benedict Evans m’a également marqué car pour une fois il discute de l’impact de l’IA générative, des grands modèles de langage (LLM) et de ChatGPT sur l’avenir du travail et de l’automatisation. En voici les points principaux :

  • Changement Générationnel : L’IA générative, les LLM et ChatGPT sont considérés comme un changement générationnel dans ce que nous pouvons automatiser avec le logiciel. Ils devraient apporter plus d’automatisation et de nouveaux types d’automatisation.
  • Automatisation et Emplois : L’auteur soutient que bien que l’automatisation puisse éliminer certains emplois, elle en crée également de nouveaux. Cela a été la tendance au cours des 200 dernières années. Cependant, la crainte est que les nouveaux emplois créés par l’IA et l’automatisation ne soient pas aussi prévisibles ou aussi nombreux que les emplois qui sont automatisés.
  • Le Sophisme de la masse de travail : L’auteur discute du « sophisme de la masse de travail », qui est la fausse idée qu’il y a une quantité fixe de travail à faire, et que si une partie du travail est prise par une machine, il y aura moins de travail pour les gens. Cependant, si une tâche devient moins chère grâce à l’automatisation, plus de personnes peuvent se la permettre, et elles ont plus d’argent à dépenser pour d’autres choses, créant de nouveaux emplois.
  • Le Paradoxe de Jevons : L’auteur introduit le paradoxe de Jevons, qui suggère que lorsque la technologie rend les processus plus efficaces et moins chers, nous avons tendance à en utiliser davantage, ce qui entraîne une augmentation de la consommation. Ceci a été appliqué au travail de col blanc depuis 150 ans.
  • La Vitesse d’Adoption : L’auteur souligne que l’adoption de technologies d’IA comme ChatGPT se fait beaucoup plus rapidement que les technologies précédentes comme l’internet ou les PC. Cependant, l’auteur soutient que le remplacement ou l’automatisation des outils et des tâches existants n’est pas trivial et prendra du temps.
  • Le Taux d’Erreur : L’auteur discute du taux d’erreur des technologies d’IA, affirmant que bien qu’elles puissent répondre à ‘tout’, la réponse peut être fausse. C’est parce que les technologies d’IA ne font pas une recherche dans une base de données mais créent un modèle. Comprendre cela est crucial pour éviter les erreurs.
  • L’Avenir du Travail : L’auteur suggère que les LLM détruiront, déplaceront, créeront, accéléreront et multiplieront les emplois tout comme les technologies précédentes l’ont fait. Cependant, la vitesse de ce changement pourrait causer plus de douleur de friction et rendre plus difficile l’adaptation.
  • La Question de l’AGI : L’auteur conclut en discutant du potentiel de l’Intelligence Artificielle Générale (AGI), un système qui pourrait faire tout ce que les gens peuvent faire sans aucune limitation. Si un tel système existait, il pourrait potentiellement remplacer les humains dans de nombreux emplois. Cependant, l’auteur soutient que nous sommes loin d’atteindre l’AGI, et jusqu’à ce que nous y arrivions, nous avons affaire à une autre vague d’automatisation.

Mais que disent les études (lol) ?

D’après des études récentes menées par le MIT, le NBER, Goldman Sachs, OpenAI/University of Pennsylvania et Accenture, de nombreuses professions dans les pays développés seront fortement impactées par le travail assisté par l’intelligence artificielle (IA) ou par son remplacement. Bien que les impacts varient considérablement selon les professions, l’IA a le potentiel d’affecter 80% de la main-d’œuvre aux États-Unis et, selon un rapport de Goldman Sachs, d’augmenter le PIB mondial de 7%. Une étude d’Accenture montre que, parmi 22 groupes professionnels, 40% des tâches actuelles présentent un fort potentiel d’automatisation ou d’assistance, notamment dans les secteurs des services financiers, des logiciels et des plates-formes, de l’énergie, et des communications et des médias.

Les gains potentiels de productivité sont significatifs. Même avec des mises en œuvre relativement précoces de l’IA sans contexte d’entreprise, une étude récente du MIT a montré que la productivité des travailleurs sur des tâches typiques de bureau pourrait être améliorée de plus de 50%, les tâches de codage pouvant être réalisées deux fois plus rapidement grâce à l’IA. Les résultats varient considérablement selon les fonctions : dans le support client, des études ont montré une augmentation de 14% du nombre de problèmes traités par heure avec l’assistance de l’IA, et les économistes ont observé une augmentation de productivité de 10 à 20%. En revanche, dans les ventes, les représentants du développement commercial (RDC) peuvent envoyer 15 e-mails personnalisés et étudiés par heure avec l’assistance de l’IA, contre trois par heure manuellement, soit une différence de 5 fois. À mesure que les modèles s’améliorent et qu’ils ont accès à des données d’entreprise plus holistiques, ces chiffres augmenteront davantage.

Les travailleurs moins productifs ou nouvellement embauchés bénéficient de manière disproportionnée de l’IA. Selon l’étude du MIT sur les tâches de bureau, non seulement tous les travailleurs étaient plus productifs avec l’IA, mais les gains étaient beaucoup plus importants pour les travailleurs moins productifs au départ, et leur taux d’amélioration était plus élevé. Le même constat a été fait dans la recherche du NBER sur la productivité des centres d’appels, où les opérateurs des centres d’appels pouvaient choisir des réponses générées par l’IA pour répondre aux demandes d’assistance. Dans cette dernière étude, le modèle était continuellement amélioré grâce aux réponses des opérateurs hautement qualifiés, ce qui permettait de partager les connaissances tacites des travailleurs les plus qualifiés à l’ensemble de la main-d’œuvre.

Et le « AI & Skill-Biased Technical Change » alors ?

Dernier truc que j’ai envie de vous partager car ça m’a marqué, c’est que des recherches confirment qu’il y a bien un « biais » dans les IA au niveau de leurs impacts sur les compétences et le monde du travail, mais c’est pas celui qu’on imagine. En effet, le « changement technologique biaisé en faveur des compétences » est une évolution validée par la recherche en 2016 et en 2023 qui démontre que les travailleurs qualifiés sont favorisés car cela augmente leur productivité et donc leur demande relative, en particulier avec l’adoption de nouvelles technologies d’information. Cette tendance a des implications importantes pour la répartition des revenus et peut contribuer à l’augmentation des inégalités salariales. Une étude portant sur 16 pays européens entre 2011 et 2019 a révélé que la part d’emploi a généralement augmenté dans les métiers plus exposés à l’intelligence artificielle (IA), en particulier pour les métiers qui emploient une proportion plus élevée de travailleurs jeunes et qualifiés. Cependant, cette tendance n’est pas uniforme et varie en fonction du rythme de diffusion de la technologie, du niveau d’éducation, de la régulation du marché des produits et des lois de protection de l’emploi. Aucune preuve solide n’a été trouvée d’une relation entre les salaires et l’exposition potentielle aux nouvelles technologies.

Cela est assez intéressant je trouve non ? Mais les choses ne sont pas claires hein ?
Donc ça veut dire qu’on a pas fini d’en parler, ici et ailleurs.

Et vous, qu’en pensez-vous?

Fier d’être Fellow @AshokaFrance promotion 2015

Après un processus de sélection aussi exigent que stimulant qui a vu sa fin marquée par la validation du board international du réseau Ashoka, c’est avec fierté que j’ai reçu mon « bonsaï » – symbole du mouvement – et que j’ai donc rejoins cette « famille » comme aime à le dire son Directeur Europe Arnaud Mourot.

fred-fellow-ashoka-2015

Soirée mémorable, suivie d’un week-end d’intégration dans le local de Simplon à Lyon : l’occasion de rencontrer des gens incroyables de bienveillance et d’expérience (les ASN, membres du Ashoka Support Network) et de nouer des liens avec les autres Fellows de la promotion 2015 (spéciale dédicace à Fabrice Hegron de « En direct des éleveurs » et Jérémy Lachal de Bibliothèque Sans Frontières) et des promotions précédentes.

Et si vous voulez revoir mon discours en vidéo où je parle des Bisounours du numérique, c’est là :

En savoir plus sur Ashoka, regardez la vidéo ci-dessous ou baladez vous sur leur site web :

Lire, écrire, compter, coder (FYP Editions)


MISE A JOUR septembre-octobre 2015

Le Président de la République en lançant la démarche « Grande Ecole du numérique » :

//platform.twitter.com/widgets.jset la Ministre de l’Education en lançant la Code Week France 

//platform.twitter.com/widgets.js

ont repris le titre de notre ouvrage en forme de clin d’oeil, démontrant ainsi que la bascule institutionnelle sur la question de la généralisation de l’apprentissage d ela programmation informatique est belle et bien faite !


Je me rends compte que j’ai même pas publié de post sur mon dernier livre, toujours co-écrit avec mon complice Nicolas Danet (comme Anonymous fin 2011), qui traite de la question de la démocratisation de l’apprentissage de la programmation informatique.

PlatCouv-LECCoder_couv Stimulo

Passer de l’autre côté de l’écran en apprenant la langue des machines (ordinateurs, téléphones, robots, électronique, objets connectés…), c’est arrêter d’être un utilisateur et pouvoir enfin reprendre la main, créer et renverser l’asymétrie et le rapport de force avec la technologie, la contrôler. Tout ça va donc beaucoup plus loin que de se doter d’une compétence très recherchée sur le marché du travail ou de pouvoir « monter une startup », il en va de notre souveraineté, de notre citoyenneté et de notre émancipation (voir ici).

Dans cet ouvrage tous publics, Nicolas et moi reprenons les choses à la base – qu’est ce que la programmation ? pourquoi est-ce si important ? pourquoi veut on que nos enfants en fasse à l’école ? pourquoi plusieurs pays l’ont déjà mis en place ? – et proposons une description des enjeux et des méthodes qui permettent de mieux comprendre, et d’apprendre ce « latin du XXIème siècle », de s’amuser en « codant » et de créer des choses utiles, drôles ou rentables avec ce savoir faire accessible à tous.

MOOCS, écoles, ateliers pour enfants : il existe plein de moyens de découvrir et d’agir créativement avec le numérique. Un livre à mettre entre toutes les mains : éducateurs, médiateurs et animateurs, parents, ados, demandeurs d’emplois, startupers ,professionnels et citoyens voulant en savoir un peu plus sur le monde numérique qui nous entoure.

On en parle (critiques, compte rendus de lecture…) sur :

 

Wikistage sur la révolution de l’éducation

C’était hier soir, à l’ESCP à l’initiative de « YESS, You & ESS » et c’était génial.

yess

Je suis intervenu en format Wikistage (9 minutes) sur le thème de la révolution dans l’éducation aux côtés de Jean Marc Tasseto (ex patron de SFR et de Google France), d’Olivier Crouzet le pédagogue de l’école 42, de François Taddéi notre gourou national et patron du très innovant CRI, de Muriel Epstein la dynamique représentante de TRANSAPI, de Jérémie SICSIC (Unow) et de Catherine Mongenet (plateforme France Université Numérique).

En attendant la vidéo, voici la transcription approximative (mes notes) de cette intervention :

J’ai pas envie de vous parler d’ėducation, j’ai envie de vous parler de politique, je sais que c’est pas a la mode, ca ennuie tout le monde, mais c’est tres important pourtant, fondamental

J’ai envie de vous parler d’émancipation, de classes sociales, d’exclusion, de justice et de pouvoir

C’est ce qui m’a toujours passionné : Anonymous, la digitalisation des ONG, l’entrepreneuriat social numérique…

Et je commence par une question : a votre avis peut on faire une démocratie et peut on faire société avec une une majorité d’illettrés ?

L’histoire, la philosophie et les sciences politiques répondent non, c’est assez clair ça

mais alors, dans une société numérique, ou les machines, les réseaux et les données sont partout : peut on être un citoyen, un acteur et avoir la pleine maîtrise de son destin et de son environnement si on ne comprend rien au numérique, si on est un illettré du numérique ?

On appelle ça l’illectronisme et on parle de problèmes de littératie digitale pour décrire l’analphabétisme du numérique, l’incapacité à se servir d’un ordinateur, d’Internet, de comprendre, chercher, critiquer les informations et les usages qui sont liés au numérique,

et on désigne souvent les mêmes populations quand on parle de ça : celles qui sont « éloignées du numérique » => pays, territoire et classes sociales déconnectées, migrants, sdf, zones rurales, décrocheurs, chômeurs, femmes seules élevant des enfants, seniors…

c’est vrai que c’est un problème pour eux…

mais ça ne l’est pas seulement pour ces personnes exclues, marginales ou défavorisées, c’est vrai pour tout le monde, pour la majorité des gens en fait

même ici je dirais assez facilement qu’il y a une majorité d’illettrés du numérique, comme il y en a une majorité dans la classe politique, dans les élites économiques, chez les cadres dirigeants, des les écoles de commerce… et autant à paris qu’en province… autant chez les riches que chez les pauvres…

pourquoi ce constat un peu dur ?

parce que la véritable littératie numérique, la plus préoccupante pour moi, ce n’est pas celle qui prive d’accès à Internet, celle ci est terrible, ni celle qui prive des usages car celle là est handicapante : c’est celle de la compréhension critique, de la distanciation de posture par rapport au numérique

Celle qui touche au coeur de ce que sont les machines, le numérique, la langue des ordinateurs, des téléphones, maintenant des voitures, des objets connectés, celle qui permet de comprendre la technologie dans ce qu’elle a de non technologique, de culturel, de politique surtout

celle qui a fait dire à un américain une phrase très violente, mais tellement vraie : dans la vie il faut choisir entre programmer, ou être programmés

J’appelle illettré du numérique toute personne qui ne s’est pas transformé radicalement dans sa pratique numérique d’une posture d’utilisateur, de consommateur en une pratique d’acteur, de contrôle des machines, des enjeux qui les traversent…

c’est pour cela que j’ai cofondé simplon, une école qui forme gratuitement des personnes éloignées du numérique, défavorisées ou sous représentées dans le numérique, une ecole qui permet a ceux qui en ont le plus besoin les pouvoirs magiques de la technologie, une école qui forme des enfants, des chômeurs et des allocataires du RSA, des filles, des cadres dirigeants à la programmation informatique

et c’est pour ça que j’ai écrit « lire, écrire, compter, coder » chez FYP en juin dernier, parce que c’est très important

Bien entendu il ne s’agit pas de devenir tous développeurs, tous informaticiens mais de comprendre, de renverser l’asymétrie entre ce que beaucoup considèrent comme des boites magiques ou « du virtuel » ou « le mal » ou « la solution à tout », et nous, moi, vous, tout le monde

Car il n’y a aucune barrière entre nous et les machines, pas plus qu’il n’y a de barrière de langue entre nous et une personne d’un autre pays, encore moins même car ce ne sont pas des gens les machines, les réseaux : ce sont des outils qui nous obéissent, que l’on peut programmer… pas le contraire… et c’est pas un truc réservés aux scientifiques, ça n’est pas qu’une science, c’est un art, un artisanat, un loisirs, une compétence…

Je connais des boulangers développeurs, des hacker qui ne codent pas mais qui hacker l’éducation, l’administration, la cuisine…

Apprendre la langue des machines ce n’est pas non plus seulement pour trouver du travail, pour remplir les troupes des startups pour rivaliser avec la silicon valley que vous devez apprendre à coder, comprendre la pensée computationnelle, l’algorithmique, la programmation, la fabrication numérique, l’électronique, la robotique… et tous les usages créatifs du numérique

Non ça n’est pas pour ça

c’est parce que c’est un levier formidable d’émancipation individuelle, cela permet de reprendre la main sur sa vie, son destin, sa carrière, de démultiplier ses passions, de s’ouvrir d’avantage sur le monde, de mieux comprendre comment il fonctionne, comment le changer, le hacker…

d’autres le font avec le sport, la cuisine, le travail qui est émancipateur mais le code a des choses en plus : c’est un levier d’émancipation collective, de citoyenneté et de souveraineté, d’inclusion donc il faut qu’il soit étendu à tous les pans de la société, que tout le monde comprenne qu’il faut programmer ou comprendre la programmation, ou être programmés

mais comment on démocratise tout ça ?

par le périscolaire : publics enfants, par la formation pour réduire la fracture chez les salariés

par des dispositifs spécifiques pour les chômeurs/quartiers/ruralité/diasporas/migrants/SDF et simplon essaime partout et il y a aussi 42, la Webacademie aussi, les voyageurs du code et les petits debrouillards

C’est important de programmer aussi pour les femmes, surtout, car ça c’est encore tabou dans les métiers techniques du numérique, la mixité, la parité et la promotion du code chez les femmes reste encore largement à faire

on y travaille particulièrement à simplon, avec 50% de femmes dans nos promos, on est pas seuls a defendre la mixite et la parité, mais ce n’est pas la priorité de tous, c’est dommage…

les problèmes que nous rencontrons sont nombreux et les ennemis pas toujours où on les attend :

qui fait la démocratisation ?

les informaticiens ?

non, ce sont nos ennemis, ils veulent sanctuariser l’informatique comme une discipline, une aristocratie, dire que ça appartient aux sciences alors que c’est aussi un art, un loisirs, un artisanat…

qui décide de la démocratisation ?

Nos elites débordées/dépassées, les industriels qui veulent de la chair à startup ou les SSII ?

non, c’est à nous, et à nous seul de décider, de vouloir savoir lire, écrire, compter, coder

qui paye ? quel business modèle ?

beaucoup de modèles sont gratuits, ils demandent une motivation forte et il faut qu’ils soient de qualité

d’autres sont payants mais ne sont pas ouverts à tous, c’est dommage

Alors et vous ?

Vous voulez programmer ou être programmés ?

Apprenez à coder, emmenez y vos enfants, parlez en autour de vous…

Merci