Burning Man comme possibilité

Pas de spectateurs : c’est un des crédos de Burning Man, le festival un peu particulier qui se déroule chaque année depuis 1986 en plein milieu du désert du Nevada et maintenant aussi en Europe, en Israël, en Afrique du Sud, en Corée…

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Evénement singulier à plusieurs titres, Burning Man attire de nombreuses personnes du monde entier car il procure une expérience collective unique aux individus qui y participent puisqu’il s’agit de monter de toute pièce une véritable ville en plein désert – Black Rock City – d’y vivre en autarcie pendant plusieurs jours sans intervention ni lien avec l’extérieur et ensuite de la démonter sans laisser aucune trace à la fin du festival. Empruntant aux rites païens, aux cultures de la fête et des raves, aux carnavals et aux manifestations dans l’espace public et à Mad Max autant qu’au Spring Break, Burning Man a créé une communauté originale – les burners – rassemblée autour de valeurs très spécifiques qui ont été comparées à celles en vigueur dans le monde des logiciels libres, des communautés hippies ou religieuses, des travellers, etc.

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Pas de spectateurs mais aussi du partage, de la débrouillardise et de l’innovation jugaad, l’interdiction des échanges marchands pendant le festival : autant de parti-pris forts qui se sont exportés au-delà de Black Rock City mais également dans un contexte plus spécifique malheureusement assez mal connu : celui d’une ONG.

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C’est en effet en 2005, alors que l’ouragan Katrina dévaste la Louisiane et le Mississippi en plein festival que le bouche à oreille au sein des « burners », relayé par la Black Rock Information Radio (BMIR, 94,5 FM), se développe et va rapidement aboutir à une réponse humanitaire portée par « Burners Without Borders ». Plus de 100 volontaires partent sur place et établissent un camp à Biloxi Mississipi pour prêter main forte aux sinistrés, construire des abris de fortune, mettre en place des infrastructures facilitant la vie des personnes et créer de petits îlots de solidarité à l’image de mini Back Rock Cities.

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2 ans plus tard, « Burners Without Borders » interviendra également après un tremblement de terre au Pérou, à Pisco, et à Monbasa au Kenya. Preuve qu’un rassemblement hétéroclite de fêtards, de newagers, de hipsters apatrides, de militants, de curieux et d’individus en mal d’expériences atypiques peut aussi donner naissance à des actions plus « sérieuses », solidaires et humanitaires, mais tout autant politiques que l’idée d’origine de Burning Man : un autre monde et d’un autre mode de vie sont possibles, il n’y a pas que l’individualisme comme horizon indépassable…

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Ca me ferait presque penser aux « dérives » humanitaires, politiques et associatives, auxquelles j’ai assisté et participé, de l’hacktivisme avec les représentants de la société civile, rapprochement qui a vu des Anonymous et des personnes issues de Télécomix rejoindre les combats et les rangs d’ONG… et qui était pourtant considéré comme incongru, contre nature et signe d’une instrumentalisation néfaste aux valeurs des hackers.

Mais ce serait faire un rapprochement qui ne doit pas être fait…

Enfin quoique 😉

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