Le digital c’est un métier… Vraiment ? Oui vraiment !

Ne dites pas à ma mère que je suis un spécialiste du digital, elle croit que je suis informaticien 😉

Cela fait plus de 15 ans que je conseille des organisations publiques, privées et associatives dans le domaine élargi de leur présence sur Internet, et, souvent, je me retrouve dans une position un peu paradoxale. En effet, il n’est pas rare que je sois en difficulté, au moins éthique, face à deux messages forts que je tente de faire passer à mes clients et qui peuvent apparaître comme contradictoires.

D’un côté, je leur explique que le digital est une question de posture, d’esprit, que c’est une affaire d’autodidacte et que la meilleure manière de faire est d’abord de faire, par soi-même, et de s’appuyer sur les informations, communautés et moyens qui sont gratuitement et librement disponibles sur Internet, car Internet est né, s’est développé et se pérennise comme cela depuis son origine (pour faire simple).

Mais d’autre part, je défends, et ce n’est pas uniquement intéressé car sinon je n’aurais pas de souci, et donc je n’écrirais pas ce billet, ou je ne dirais pas ce que je dis en première intention (cf. le premier point ci-dessus), je soutiens qu’il faut se faire accompagner par des gens dont c’est la spécialité, le métier, et qu’il vaut mieux y mettre le prix car les conseils gratuits sont souvent peu… payants (lol) et qu’il y va pour le digital comme pour d’autres champs : ce n’est pas le dernier qui a parlé qui a raison, c’est un vrai travail de professionnels.

Contradiction donc à première vue, mais en creusant un peu non, du tout.
C’est l’objet de la « démonstration » qui va suivre…

D’abord ce qui est important, c’est que la disponibilité et la gratuité d’Internet et des informations qui permettent d’en maximiser l’usage pour défendre une cause, vendre des produits ou des services, changer le monde… cette possibilité là demande du temps et des compétences en terme de compréhension et d’intégration. Et oui. Ce n’est pas parce que la plupart des éléments permettant d’apprendre à coder, faire des sites Internet, déployer des campagnes ou créer des contenus sont accessibles gratuitement que c’est facile de devenir informaticien, créateur de site web, rédacteur ou vidéaste, journaliste ou entrepreneur numériques. Ce serait trop facile… Et donc les autodidactes, hackers, créateurs de sites, marketeurs, diffuseurs de contenus, s’ils sont à l’origine des « amateurs » dans tous les beaux sens que possède ce si joli mot, travaillent, se perfectionnent et au final devienne des professionnels, sinon ils restent au stade de l’expérimentation, et donc de l’échec lié au « one shot ».

Ensuite, ce qu’apprend la formidable possibilité offerte par Internet d’apprendre à apprendre, c’est l’humilité, la patience et la prudence. Connaître le digital, c’est savoir que tout y change en permanence, qu’on y est toujours dépassé par le mouvement, par quelqu’un d’autre, qu’il n’y a aucune recette magique ou absolue, que l’expertise ou les effets de mode sont battus en brèche de manière permanente, et donc que la modestie y est une valeur cardinale. D’où le malaise que j’ai souvent quand on me présente comme un « expert digital », ou un « spécialiste » car cela me renvoie à l’ensemble des champs que je ne connais pas, ou pas assez…

Donc, et c’est une conséquence des 2 premiers points, tous ceux qui colportent des certitudes faciles, qui exploitent la relative méconnaissance des autres, et donc qui les méprisent, pour vendre leur beurre ou s’arroger le titre d’expert auto-proclamé, alors même qu’il ne maîtrise qu’un (le code par exemple ou le marketing) ou au mieux quelques aspects du digital, ceux qui vendent de la magie digitale (buzz, Facebook…), tous ceux là violent une règle immuable et non écrite de l’Internet.

C’est vrai du cousin informaticien car il a monté un site, ou du collègue « qui s’y connait » car il a un blog, et qui font croire qu’ils savent (faire)…

C’est vrai du prestataire technique qui dépasse son champ de compétence métier, du consultant qui atteint dans certains domaines mal maîtrisé son seuil d’incompétence (principe de Peter)…

Du jeune community manager qui est incollable sur Facebook mais ne comprend rien à la communication ou au marketing et encore moins à l’éthique et à la vie privée…

Du Président ou du DG qui pèse de son poids hiérarchique pour empêcher des projets auquel il ne « croit » pas, ou qu’il ne comprend pas, ou dont il n’est pas à l’initiative…

Tout ceux là sont des criminels passible devant le tribunal de la bonne utilisation intelligente d’Internet 😉

Face à tous ces apprentis sorciers, Cassandre et gourous auto-proclamés, c’est donc un exercice périlleux en tant que conseil « expert » que de ne pas céder à toutes les sirènes et dérives tout en défendant malgré tout son expertise, d’être affirmatif et ferme dans ses recommandations sans perdre la plus élémentaire réserve et modestie.

Non pas que le #fail soit interdit, le mode « trial and error » est à la base de l’Internet, et faire son « best effort » est natif de ce réseau, mais l’échec doit être préférentiellement du à de bonnes raisons, à une volonté de tester pour optimiser, ne serait ce que pour éviter qu’il se reproduise : pas à des contre sens ou à des utilisations contre nature 😉

Mais en tous cas c’est passionnant…
Et sans fin !

2 commentaires sur “Le digital c’est un métier… Vraiment ? Oui vraiment !

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